Ex-ministre de la Défense et dauphin du président sortant Alvaro Uribe, Juan Manuel Santos (photo) remporte le second tour de la présidentielle colombienne avec 69 % des voix.
AFP - L'ex-ministre de la Défense colombien Juan-Manuel Santos, a été très largement élu dimanche président de la République et a promis de faire preuve de "dureté et fermeté" contre la guérilla, affirmant sous les hourras de ses partisans que son temps était compté.
Candidat du Parti social d'union nationale (Partido de la U), conservateur, Juan Manuel Santos, a obtenu 69% des suffrages, selon des résultats officiels, contre 27,5% à l'ex-maire de Bogota Antanas Mockus, candidat du Parti vert.
"Une fois de plus merci à Dieu, merci à la Colombie. Merci pour la confiance que neuf millions de Colombiens nous ont témoignée en dépit d'une pluie torrentielle et des matches de football", a déclaré le président élu devant des milliers de partisans rassemblés dans une salle de spectacles de Bogota.
Juan-Manuel Santos a rendu hommage à son rival en indiquant qu'il ne renonçerait pas à l'intégrer dans un "gouvernement d'unité nationale".
Trois fois ministre (Commerce extérieur, Trésor et Défense), celui qui se considère comme le dauphin du président sortant, Alvaro uribe, n'a jamais auparavant exercé de mandat électif.
Il est cependant auréolé de ses victoires sur la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes), et notamment du succès de l'opération Jaque qui lui avait permis d'arracher à la guérilla, le 2 juillet 2008, 15 de ses plus précieux otages, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt.
"Le temps des Farc est compté", a-t-il dit, provoquant les hourras de ses partisans. "Nous continuerons à les affronter avec toute la dureté et la fermeté", nécessaires, a-t-il ajouté, en appelant la guérilla à libérer tous ses otages immédiatement, "de manière unilatérale".
Huit ans après l'élection d'Alvaro Uribe, les Farc sont encore actives sur près de 50% de territoire, mais elles ne cernent plus les villes.
Les forces de l'ordre - police et armée - ont vu leurs effectifs doubler, passant de 220.000 à 425.000 hommes.
Dimanche, beaucoup évoquaient la figure du président sortant. Il va "terriblement" nous manquer, a ainsi déclaré Tulio A. un électeur de 82 ans, à l'AFP.
"Pendant deux ans, je n'ai plus pu aller (dans ma finca, ndlr). Ils avaient la liste des propriétaires terriens et les enlevaient" sur la route, raconte-t-il. Et, puis, ajoute-t-il, "Uribe est arrivé". "Maintenant je peux y aller et il n'y a plus ni guérilla ni paramilitaires".
La journée électorale a été marquée par la mort de onze policiers et soldats tués dans différentes attaques dont les auteurs n'ont pas été identifiés.
Sept policiers ont notamment péri dans le département Norte de Santander, à la frontière vénézuélienne, dans une embuscade menée à l'aide d'un engin explosif, selon la responsable de la sécurité de ce département, Margarita Silva.
Le président Uribe a félicité son successeur en affirmant qu'il priait Dieu pour qu'il lui "offre tous les succès" ainsi qu'à sa famille.
Antanas Mockus, qui avait un temps suscité une vague d'adhésions auprès des Colombiens, pour sa dénonciation des violations des droits de l'Homme, de la "culture du narcotrafic", de la corruption et de la violence, a reconnu sa victoire.
La Commission européenne, dans un communiqué signé de Jose Manuel Durao Barroso, son président, a également félicité le futur président colombien, tandis que le secrétaire général de l'OEA, Jose Miguel Insulza, a également salué le gouvernement sortant et le président élu.