
Le Parti républicain, qui s'ouvre de plus en plus aux candidats issus des minorités, cherche à mieux représenter la société américaine. Mais sera-t-il pour autant capable d'attirer un électorat plus coloré ?
Qui dit Parti républicain dit généralement hommes blancs et âgés, une image qui colle à la peau du parti conservateur américain. Et sa politique, considérée comme largement hostile à l’immigration et à la discrimination positive, ainsi que ses rares élus issus de la minorité ne contribuent pas à changer la donne et à s'attirer le soutien des électeurs afro-américains et latinos.
Cependant, l'arrivée d'un grand nombre de candidats républicains prometteurs et issus des minorités pourrait permettre au parti de mieux refléter la démographie de la société américaine. Quel serait alors l'impact de ce "metissage du parti" sur les élections de mi-mandat du mois de novembre (les Américains éliront plusieurs gouverneurs, députés et sénateurs), sur la présidentielle de 2012 ainsi que sur le paysage électoral en général ?
Nouveau parti ou nouvelle stratégie ?
Un an après l’élection de Michael Steele à la tête du Comité national républicain, devenant ainsi le premier afro-américain à ce poste, plusieurs candidats républicains de couleur ont été élus lors des primaires de juin pour représenter le parti lors des élections de novembre. Parmi eux : Nikky Haley, 38 ans, fille d’immigrants indiens, qui brigue le poste de gouverneur en Caroline du Sud. Toujours dans le même état, Tim Scott pourrait devenir le premier afro-américain républicain à faire son entrée au Congrès depuis plusieurs années. Susana Martinez, Hispanique, brigue le poste de gouverneure du Nouveau-Mexique, le Latino Brian Sandoval est en lice pour celui du Nevada et le Cubain-Américan Marco Rubio pour devenir sénateur de la Floride.
Dans un article paru en mai, le "New York Times" notait déjà une forte augmentation des candidats afro-américains dans le parti républicain. Il s’agirait, selon le quotidien, d'une conséquence inattendue de l'effet Obama. Néanmoins, les chiffres viennent contredire cette prétendue ouverture aux minorités. Outre le faible nombre d’élus républicains de couleur, les statistiques montrent que le parti est essentiellement composé de Blancs. Un sondage effectué en 2009 indiquait que seuls 11 % des républicains étaient issus d’une minorité, contre 36 % chez les démocrates.
Une explication probable à cette soudaine diversification : le parti, qui a pris conscience de l'évolution constante des changements démographiques et du comportement des différentes populations (certains républicains blancs encartés ont voté pour Barack Obama lors de la présidentielle en 2008), cherche à s'ouvrir aux minorités pour ainsi élargir son électorat.
"Le pays se diversifie, le parti républicain va devoir séduire un plus grand nombre d’électeurs issus de minorités s’il veut rester compétitif", analyse John Fortier, politologue au sein de l'American Enterprise Institute, réputée assez conservatrice. "Le parti recrute et parraine donc des candidats de toutes origines", renchérit Darrell West, directeur d’études à la Brooklin Institution, réputée de gauche.
Les vieilles habitudes ont la vie dure
Les républicains nourrissent beaucoup d’espoir pour novembre prochain, d'autant que le contexte leur est plutôt favorable : la quote de popularité d’Obama stagne aux alentours de 50 %, et les critiques pleuvent sur les membres démocrates du Congrès depuis le vote de plusieurs réformes de gauche.
Pour John Fortier, l'élection d’Afro-américains républicains au Congrès "serait un bon signe envoyé aux électeurs sur la politique d’ouverture du parti". L’élection d’un Latino serait, elle, une " formidable preuve de crédibilité aux yeux des Hispaniques". Si l’un de ces candidats remporte une élection, il pourrait ensuite s’attacher à éloigner les minorités du sillon de Barack Obama lors de la présidentielle de 2012.
Les électeurs Afro-américains et hispaniques, et plus particulièrement les plus croyants, penchent davantage vers les positions traditionnelles républicaines, sur les questions sociales comme le mariage homosexuel ou l’avortement.
Cependant, les Noirs votent habituellement à 90 % pour le parti démocrate lors d'une élection présidentielle. "Lorsqu’Obama est en scène, ce chiffre est encore plus élevé", affirme John Fortier. Et le fait que les républicains soient en majorité préoccupés par l’immigration clandestine rebute une grande partie des Hispanniques, qui ont voté pour Obama à près de 70 %.
“Avoir un panel plus divers de candidats constitue un gros plus pour les élections à venir”, estime Darrel West. "Mais cela ne va pas pour autant changer sur le long terme l'image du parti, perçu depuis toujours comme 'anti-minorités et anti-diversité' (selon les termes Occidentaux)".