Notre reporter Melissa Bell se trouve au Niger où elle réalise un reportage sur la crise alimentaire qui frappe le pays. Suivez les coulisses du tournage grâce à son carnet de route.
Vendredi 11 juin
Avant l'indépendance, Zinder était la capitale des colons français installés au Niger. Située à plus de 900 kilomètres de Niamey, la capitale actuelle, dans un coin poussiéreux et oublié de l'Afrique, Zinder est, aujourd'hui, une ville qui va mal. Proche de la frontière nigériane, la cité se trouve au cœur de la crise alimentaire.
À Mirriah, un petit village entouré de baobabs qui se trouve au sud de la ville, l'Unicef a construit un centre qui accueille les nourrissons souffrant de malnutrition. Leur nombre a triplé en un an.
Dans la salle de soins intensifs, une vingtaine de bébés rachitiques sont allongés à côté de leur mère. Le silence est assourdissant. Tous sont plus proches de la mort que de la vie.
Le jeune docteur qui s'occupe d'eux nous explique que les mères attendent souvent que leurs enfants soient très malades pour les emmener jusqu'au centre. Et souvent, elles arrivent trop tard... Au reste, même quand l'enfant peut encore être sauvé, il y a bien longtemps que celui-ci souffre de la faim.
Les mères présentes ici ont toutes une vingtaine d'années seulement, mais déjà plusieurs enfants à leur charge. C'est pour cette raison qu'elles tardent à se rendre au centre de l'Unicef, explique le docteur, avant de nous faire entrer dans une autre pièce. Là dorment les enfants prêts à rentrer chez eux. Ils sont petits pour leur âge, mais ont l'air d'aller mieux. Certains parviennent même à s'asseoir sur leur lit.
Une chose est frappante, toutefois. Parmi la trentaine de bébés soignés dans le centre, il n'y a que des garcons. Les petites filles de la région de Mirriah n'ont pas eu la chance d'arriver jusque là...