Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a rencontré Nicolas Sarkozy, vendredi, lors d'une visite officielle à Paris. Les désaccords sur les conditions de vente du porte-hélicoptères français Mistral à la Russie persistent.
Accompagné d’une kyrielle d’industriels, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, est arrivé, jeudi, en France pour y discuter notamment de l’acquisition d’un puissant porte-hélicoptères.
Après avoir dîné, jeudi soir, avec son homologue français François Fillon, l'ancien président russe s’est entretenu avec le chef de l'État français, Nicolas Sarkozy, son prédécesseur à l'Élysée, Jacques Chirac, et le PDG du groupe pétrolier Total, Christophe de Margerie.
L’achat d’un navire militaire français par Moscou a dominé les entretiens. Le bateau de type Mistral, un porte-hélicoptères puissant et rapide, est capable de transporter des troupes et des blindés, et peut abriter un état-major ou un hôpital.
Une vente décriée par les pays baltes et la Géorgie, théâtre d’une guerre éclair avec la Russie en juillet 2008. Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, en visite mardi en France, n’a d’ailleurs pas exclu de s’équiper à son tour "d’armes défensives" françaises.
Exigences russes
Cependant, la signature du contrat se heurte toujours à de sérieux écueils. Moscou exige en effet d’importants transferts de technologie. La Russie, après avoir acquis le navire français, souhaiterait en construire trois autres sur ses propres chantiers. Refus de Paris, qui propose plutôt la construction de deux bateaux en France.
"Aujourd’hui, le monde vit un moment difficile et nous devons être ensemble pour rester concurrentiels, a expliqué Poutine après son entretien avec Fillon. Dans les domaines scientifiques et technologiques, nous devons unir nos efforts".
Une déclaration résumée en langage moins diplomatique par le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, également en France : "Ça ne vaut pas la peine d’acheter des produits, les technologies sont beaucoup plus importantes".
L’achat de ce porte-hélicoptères serait le dernier en date d’une longue série de juteux contrats signés en novembre 2009 et en mars 2010, lors des deux dernières visites des dirigeants russes en France. Alstom avait alors négocié son entrée dans le capital du constructeur russe de trains Transmashholding. EDF et GDF-Suez, de leur côté, avaient entamé des négociations pour participer aux deux projets de gazoducs russes North Stream et South Stream, au détriment du projet européen Nabucco.
La coopération économique et technologique franco-russe est d’ailleurs largement évoquée dans l’Exposition nationale russe au Grand Palais, que Vladimir Poutine doit inaugurer dans la journée.
L’intensification des relations économiques entre les deux pays n’est pas tout à fait du goût des associations de défense des droits de l’Homme qui craignent de voir leurs préoccupations reléguées au second plan.
"La situation en Russie est alarmante, affirme Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France. Il serait choquant que la France n'évoque pas ce climat d'impunité et de répression accrue lors de cette visite." La Russie est le pays du Conseil de l'Europe le plus condamné par la Cour européenne des droits de l'Homme.
Une question que Vladimir Poutine a balayée d’un revers de main lors d’un entretien accordé lundi à l’AFP : "Des atteintes [aux droits de l’Homme], il y en a partout. Prenons par exemple les atteintes aux droits de l'Homme dans le système pénitentiaire français..."