Après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote, le Parti libéral néerlandais de Mark Rutte, arrivé en tête des législatives de mercredi, a entamé des consultations informelles afin de constituer une coalition gouvernementale.
REUTERS - Le Parti libéral néerlandais (VVD), arrivé en tête des élections législatives anticipées, a entamé jeudi des consultations informelles pour la constitution d'une coalition gouvernementale.
Après dépouillement de la quasi totalité des bulletins, les libéraux de Mark Rutte obtiennent 31 des 150 sièges de la chambre des députés, soit un de plus que le Parti travailliste (PvdA). Dans le parlement sortant, le VVD contrôlait 21 sièges et le PvdA 33.
La politique d'austérité prônée par le VVD afin de contrôler la dégradation des finances publiques pourrait rendre les négociations particulièrement ardues avec les autres partis.
Les travaillistes de Job Cohen, ancien maire d'Amsterdam, sont, eux, partisans de mesures moins draconiennes et obéissant à un rythme plus lent afin de juguler le déficit qui pourrait atteindre 6,6% du PIB cette année.
Le Labour pourrait envisager d'intégrer cette coalition mais le nombre de ses élus à l'assemblée et sa position de deuxième parti du pays pourraient l'inciter à exiger des concessions de la part des libéraux.
Pour atteindre la majorité, qui se situe à 76 sièges, le parti arrivé en tête devra obtenir l'appui de trois autres formations.
Historiquement, ces tractactions gouvernementales durent en moyenne près de trois mois après le résultat du scrutin, ce qui n'est pas de nature à rassurer les investisseurs anticipant une réduction des dépenses.
Crise budgétaire
Ces élections ont également été caractérisées par une poussée de l'extrême droite populiste et xénophobe avec le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders qui obtient 24 sièges (contre neuf dans le parlement sortant). Il devient la troisième parti du pays.
Le scrutin a également traduit une déroute des chrétiens-démocrates, qui gouvernaient en coalition avec les travaillistes et perdent la moitié de leurs sièges passant de 41 à 21 élus.
"Les électeurs ont parlé, le résultat est clair. Dans une élection, il y a des vainqueurs et des perdants, c'est ainsi que fonctionne la démocratie", a commenté le chef du gouvernement sortant, avant d'annoncer sa démission du parlement.
A la différence des précédents scrutins, dominés par les questions liées à l'immigration et les sujets internationaux, les législatives de mercredi ont été profondément marquées par la crise budgétaire. Il s'agissait de la première élection nationale dans un pays de la zone euro depuis l'éclatement de la crise de la dette en Grèce.
"Les Pays-Bas peuvent ressortir plus forts de la crise en prenant des mesures immédiatement", a dit Mark Rutte, qui a mené campagne en promettant de réduire de 39 milliards d'euros les dépenses publiques dans les dix années venir.
Les travaillistes prônent quant à eux un relèvement de la fiscalité sur les catégories les plus riches de la population pour préserver au maximum les dépenses publiques. "Même si les circonstances sont difficiles, nous assumerons de nouveau nos responsabilités pour faire en sorte que notre pays reste engagé sur la voie sociale", a dit leur chef de file, Job Cohen.
Les sondages avaient bien anticipé une poussée du parti populiste, le donnant même en tête des intentions de vote en février dernier, mais sa cote avait fondu ces derniers mois tandis que la campagne se recentrait sur les difficultés économiques.
"Plus de sécurité, moins de criminalité, moins d'immigration, mois d'islam, voilà ce que les Pays-Bas ont choisi", a dit Wilders, qui pourrait être incontournable dans les tractations à venir.
Le prochain budget doit être présenté en septembre. Le prochain gouvernement doit donc être formé avant.
Marcel Boogers, professeur de sciences politiques à l'université de Tilburg, juge probable la formation d'une coalition "violette" qui réunirait la gauche et la droite. "Ça pourrait être une coalition viable", a-t-il ajouté.