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La justice se penche sur le cas Kerviel

L'ancien trader de la Société générale, accusé d'être à l'origine d'une perte record de près de 5 milliards d'euros en janvier 2008, comparaît ce mardi pour abus de confiance, faux et usage de faux. Il encourt cinq ans de prison.

L’ex-trader français le plus connu de la planète comparaît, ce mardi, devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Accusé d’avoir fait perdre, en 2008, près de 5 milliards d’euros à la Société générale (SG), la banque qui l’employait, Jérôme Kerviel va devoir s’expliquer devant les juges.

Poursuivi pour "faux, usage de faux et abus de confiance", celui que l’ancien PDG de la SG avait traité de "terroriste" encourt cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende. Le procès, qui doit durer environ trois semaines, focalise l’attention des médias du monde entier, tant il est emblématique des dérives de la finance qui ont conduit à la crise boursière de septembre 2008.

La Société générale accuse Jérôme Kerviel d’avoir pris des positions extrêmement risquées sur les marchés entre 2005 et 2008, mettant en danger la survie de l’entreprise. Le jeune homme aurait ainsi investi des sommes astronomiques, supérieures aux fonds propres de l’établissement, en déjouant les garde-fous de la banque au moyen d’opérations fictives et de faux documents.

"Des erreurs, mais pas d’infractions"

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"Pour la Société Générale, il s'agit de tourner la page"
La justice se penche sur le cas Kerviel

Bien qu’il reconnaisse avoir commis des erreurs, l’ancien trader accuse sa hiérarchie de l’avoir poussé à prendre des risques inconsidérés. Selon lui, ses supérieurs, au courant de ses agissements, fermaient les yeux tant qu’il rapportait de l’argent. Son avocat entend ainsi démontrer à l'audience que les agissements de Jérôme Kerviel ne pouvaient être ignorés de la banque et que son client a donc commis des "erreurs", non des "infractions".

Aujourd’hui âgé de 33 ans, Jérôme Kerviel confesse avoir perdu, à l’époque, le sens des réalités devant l’ampleur des sommes engagées, mais refuse d’endosser la responsabilité de la perte colossale de la banque.

Au delà de ce simple procès, c’est tout le système financier qui est remis en question, au moment où l’Europe et les États-Unis réfléchissent à une meilleure réglementation des marchés financiers. Le renforcement des contrôles internes et externes des salles de marchés, la séparation entre les banques de dépôt et les banques d’investissements, font partie des propositions actuellement à l’étude au sein de l’Union européenne et auprès des conseillers du président américain, Barack Obama.
 

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Le procès d'un trader ou d'un système ?
La justice se penche sur le cas Kerviel