logo

Blaise Compaoré pourrait se désengager du dossier ivoirien

, envoyé spécial à Nice – Dans une interview accordée à FRANCE 24, en marge du sommet franco-africain de Nice, le président burkinabé, Blaise Compaoré, revient sur sa médiation dans la crise ivoirienne. Une médiation qu’il pourrait bien abandonner, faute de résultat.

Blaise Compaoré rendra-t-il son tablier de médiateur dans la crise ivoirienne? Dans une interview accordée à FRANCE 24 en marge du sommet Afrique-France qui se tient actuellement à Nice (sud-est de la France), le président burkinabé laisse entendre que sa patience pourrait s'émousser si l'élection présidentielle, maintes fois repoussée depuis l'accord de sortie de crise signée à Ouagadougou en mars 2007, ne se tient pas avant la fin de l’année. "Mes limites pourraient s'arrêter cette année, affirme Blaise Compaoré. En tout cas, je ne m’occuperai plus de la médiation à ce niveau."

Initialement prévu en novembre 2009, le scrutin a été plusieurs fois reporté en raison, notamment, du cafouillage dans le processus de recensement des électeurs dont le coup d'envoi avait été donné… le 15 septembre 2009. Des blocages que l'opposition ivoirienne impute en partie à la mauvaise volonté du camp du président Laurent Gbagbo.

Le temps commence également à sembler long pour la communauté internationale –dont la France, qui craint que le pays ne plonge dans la guerre civile. Eventualité que Blaise Compaoré exclut. "Le travail pour la réunification a débuté depuis longtemps. Dans le Nord, une administration militaire et fiscale a été mise en place, observe-t-il. Des progrès substantiels ont été enregistrés."

Homme de paix

La défection de Blaise Compaoré porterait en tout cas un sérieux coup au processus de stabilisation de la Côte d'Ivoire. Dans une Afrique de l’Ouest francophone malade de ses crises successives, le chef de l'Etat burkinabé, également médiateur dans la crise togolaise de 2006, et dans la Guinée post-Lansana Conté [président de la République de Guinée de 1984 à 2008], s'est offert une réputation d'homme de paix capable de rassembler autour d'une même table les parties qui s'opposent.

Dans le pays qu’il dirige, l'homme peut également se targuer d’avoir su créer un climat de stabilité : le Burkina Faso n’a plus connu de coups d’Etat depuis 22 ans, alors qu’il en a subi sept entre 1966 et 1987.

Une stabilité que le président burkinabé pourrait faire valoir auprès de sa population et de la communauté internationale pour rester au pouvoir. Grand favori de la présidentielle, prévue en novembre prochain, Blaise Compaoré entamera, en cas de victoire, son dernier mandat comme l'exige la Constitution. Mais à Ouagadougou, le bruit court déjà que le numéro un burkinabé envisagerait de faire sauter le verrou constitutionnel qui l'empêcherait de se présenter une nouvelle fois en 2015.