Plus de 10 personnes ont péri lors de l'assaut mené par des commandos israéliens contre le convoi d'aide international de six bateaux qui était en route pour Gaza. Quant à Benyamin Netanyahou, il a annulé sa visite à la Maison Blanche prévue mardi.
L'armée israélienne a lancé un assaut contre un convoi d'aide internationale de six bateaux faisant route vers la bande de Gaza, tôt lundi matin, tuant au moins dix personnes selon Tsahal. La chaîne israélienne Channel 10 évoque, elle, une vingtaine de morts et plusieurs dizaines de blessés. La communauté internationale condamne le raid.
"L'opération touche à sa fin, précise Gallagher Fenwick, notre envoyé spécial à Ashdod. Les commandos militaires, qui étaient arrivés par hélicoptère sur les six navires à environ 150 km des côtés israéliennes, sont en train de terminer l'inspection des bateaux. Le site Internet du quotidien israélien 'Haaretz' affirme qu'ils sont en train d'arriver dans le port d'Ashdod."
Pour l'heure, toutes les communications avec les activistes présents sur les navires ont été coupées.
"C'est un massacre"
"Nous n'avons aucun contact avec nos membres car Israël a bloqué toutes les communications satellitaires, affirme, depuis Chypre, Greta Berlin, porte-parole du Mouvement Gaza libre. Les seuls éléments que nous avons, c'est grâce à la vidéo qui était diffusée en direct depuis le bateau turc. Ces images montrent des commandos israéliens arrivés par hélicoptère atterrir sur le pont du bateau et ouvrir le feu. Ce n'est pas une confrontation, c'est un massacre. Nous n'avons pas d'armes. Nous avons été attaqués, et non le contraire. Ce que fait Israël est illégal, nous étions dans les eaux internationales."
Israël, qui avait prévenu qu'il bloquerait le convoi, affirme pour sa part que ses soldats ont été confrontés à des "violences physiques graves" et ont été "attaqués par des coups de feu" lors de l'arraisonnement des navires. "Nous nous étions préparés à une mission policière pour faire face à des violences, mais nous avons été confrontés à une violence à caractère terroriste", affirme le porte-parole de l'armée israélienne, le général Avi Benayahou.
"L'armée israélienne dit que des armes, qui ont été arrachées aux soldats israéliens, ont été retrouvées sur des activistes, explique Gallagher Fenwick. Elle affirme que ces armes ont été utilisées sur les soldats et parle aussi de bouts de bois, de barres de métal, de couteaux."
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La flottille, partie dimanche soir de Chypre, souhaitait livrer 10 000 tonnes d'aide humanitaire dans la bande de Gaza et briser le blocus imposé par Israël depuis 2007 aux 1,5 million de Gazaouis.
"Nous n'avons plus de contacts avec les membres de notre délégation depuis 3h30 ce matin. Un black-out presque total a été imposé, explique depuis Paris Adnane Ben Youssef, attaché de presse de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP). Nous sommes vraiment très inquiets. Nous nous attendions à ce que nos membres soient emprisonnés, mais pas à ce qu'ils soient attaqués comme si c'était un navire de guerre ennemi. Le message d'Israël est très clair : vous ne devez pas apporter de soutien aux Gazaouis, et si vous le faites voilà ce qui va vous arriver."
Crise diplomatique
La Turquie, qui menait cette flottille internationale, a vivement dénoncé l'assaut israélien, parlant d'une opération "inacceptable". "Israël devra supporter les conséquences de ce comportement", a prévenu le ministère des Affaires étrangères. Ankara a d'ailleurs décidé de rappeler son ambassadeur en Israël. D'autre part, à Istanbul et Ankara, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant des bâtiments diplomatiques israéliens pour protester contre l'assaut mené par Tsahal. Les relations entre les deux pays sont tendues depuis l'opération israélienne "Plomb durci" contre la bande de Gaza, en décembre 2008.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a, lui, qualifié le raid israélien de "massacre" et décrété trois jours de deuil dans les Territoires palestiniens. La Ligue arabe tiendra une réunion extraordinaire mardi pour adopter une position arabe commune. L'attaque de la "Flottille de la liberté" constitue "un nouveau message très fort d'Israël signifiant qu'il ne veut pas la paix", a indiqué le secrétaire général Amr Moussa.
La Maison Blanche dit regretter "profondément les pertes en vies humaines" et vouloir "éclaircir les circonstances de la tragédie". De son côté, l'Union européenne réclame une "enquête complète". Dans un communiqué, le président français, Nicolas Sarkozy, exprime "sa profonde émotion devant les conséquences tragiques de l’opération militaire israélienne" et dénonce un "usage disproportionné de la force".
En Israël, des réunions de crise sont en cours. "Nous sommes en état de choc, explique David Bensimon, député travailliste israélien. Nous ne savons pas ce qui s'est passé, nous allons attendre des réponses des autorités. Comment une situation peut dégénérer au point qu'il faille tirer sur des civils ?" "Cette situation qui a mal tourné risque de provoquer un retour en arrière dans les relations israélo-palestiniennes, déplore le député. Un an et demi après l'arrêt des négociations, on était sur le point de relancer des discussions. Tous les efforts surhumains qui ont été fait en ce sens risquent d'être torpillés. Au-delà de la tragédie humaine, c'est un moment de tristesse pour la région."
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Correspondance d'Assia Shihab à Istanbul
Compte tenu de la violence de certains propos publiés sur le site après l'attaque de la flottille d'aide internationale qui se rendait à Gaza, France 24 a décidé de provisoirement désactiver la fonction "commentaires" sur les pages traitant de ce sujet.