Le Parlement espagnol a approuvé de justesse le plan d'austérité du gouvernement qui vise à accélérer la réduction des déficits publics, qui ont explosé à 11,2% du PIB en 2009 et que Madrid veut ramener à 3% en 2013.
AFP - L'impopulaire plan d'austérité du gouvernement socialiste espagnol, visant à accélérer la réduction des déficits publics, a été approuvé, jeudi, d'extrême justesse par les députés, selon le résultat du vote diffusé en direct à la télévision.
Le décret-loi incluant notamment une baisse de salaire pour les fonctionnaires dès juin et un gel des retraites en 2011, a été approuvé à la majorité simple d'une courte tête, avec 169 votes favorables et 168 votes contre.
Seuls les socialistes ont voté pour. Tous les autres groupes parlementaires ont voté contre -à l'image des conservateurs du Parti populaire (PP) et des écolo-communistes-, ou bien se sont abstenus.
Signe de l'isolement extrême des socialistes au pouvoir, qui n'ont pas de majorité absolue au parlement, le texte n'est passé que grâce à l'abstention des 10 (bien 10) députés nationalistes catalans de Convergencia i Unio (CiU).
Leur secrétaire général Josep Antoni Duran i Lleida, a invoqué le sens de la "responsabilité" pour justifier ce vote d'abstention, tout en stigmatisant le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, qu'il a appelé à convoquer des élections anticipées dans les prochains mois.
Le plan d'austérité du gouvernement vise à économiser 15 milliards d'euros en 2010 et 2011, afin d'accélérer la réduction des déficits publics qui ont explosé à 11,2% du PIB en 2009 et que Madrid veut ramener à 3% en 2013.
Le gouvernement socialiste, qui avait juré de ne jamais toucher aux acquis sociaux, a été contraint d'annoncer ces mesures sous la pression des marchés et de ses partenaires européens.
L'Espagne est désormais considérée comme un maillon faible de la zone euro en raison de ses déficits publics et des doutes sur sa capacité à retrouver rapidement la croissance.
"Ces mesures sont douloureuses, mais indispensables", a déclaré la ministre de l'Economie et des Finances, Elena Salgado, le visage fermé.
Un vote négatif aurait probablement entraîné la chute du gouvernement de M. Zapatero et eu des répercussions désastreuses pour l'Espagne sur des marchés financiers déjà extrêmement nerveux, selon les observateurs.
"Tout le monde sait ce qui se passerait si le gouvernement n'avait pas la capacité de faire passer ce texte. La Bourse plongerait et le marché châtierait notre dette. Notre responsabilité est que l'Espagne ne tombe pas dans un puit encore plus profond. Je ne veux pas que l'Espagne soit mise sous tutelle comme la Grèce", a déclaré M. Duran i Lleida.
Le leader des nationalistes catalans a eu des mots très durs pour M. Zapatero, qui assistait aux débats, la mine sombre.
"Votre temps est fini", lui a-t-il lancé. "Ne convoquez pas d'élections maintenant parce que le pire qui pourrait arriver à ce pays en pleine crise économique serait de se retrouver sans gouvernement".
"Faites les devoirs qu'on vous impose de l'extérieur (...) et quand arrivera le vote du budget (2011, ndlr) et que vous ne pourrez pas le faire approuver, convoquez les élections qu'attend et dont a besoin ce pays", a-t-il ajouté.