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Le gouvernement assure avoir rétabli l'ordre à Bangkok

Deux jours après la reddition des "chemises rouges", le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, affirme que les autorités ont repris le contrôle du quartier de la capitale où les opposants faisaient le siège depuis plusieurs semaines.

AFP - Le Premier ministre thaïlandais a affirmé vendredi que l'ordre avait été "rétabli" à Bangkok, deux jours après la dispersion des "chemises rouges" et de violentes émeutes, en réitérant sa détermination à "faire face aux immenses défis" auxquels le pays est confronté.

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"Nous avons rétabli l'ordre dans la capitale"

"Nous avons rétabli l'ordre à Bangkok et dans les provinces", a déclaré Abhisit Vejjajiva lors d'une courte allocution télévisée.

"Nous allons continuer à assurer un retour rapide à la normale", a-t-il ajouté, 48 heures après l'assaut lancé par l'armée contre le quartier de la capitale que les manifestants antigouvernementaux occupaient depuis début avril.

Ce retour à la normale était effectivement perceptible en centre-ville. L'armée a prévu de mettre fin dans l'après-midi aux opérations pour sécuriser totalement l'ex-zone rouge. Elles "seront terminées d'ici 15H00" (08H00 GMT), a indiqué Sunsern Kaewkumnerd, son porte-parole.

Aucune violence n'a été signalée à Bangkok dont les accès sont contrôlés par des barrages de soldats, après une deuxième nuit de couvre-feu.

Mais le Premier ministre a reconnu que l'arrêt des violences ne mettait pas fin à la profonde crise politique que connaît son pays depuis plusieurs années.

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Après "l'un des pires épisodes" de l'histoire thaïlandaise, "nous reconnaissons que nous faisons face à d'immenses défis, en particulier celui de surmonter les divisions de notre pays", a-t-il déclaré.

Au moins 85 personnes ont été tuées et plus de 1.900 blessées depuis le début des manifestations lancées à la mi-mars par les "rouges" pour obtenir sa démission et des élections anticipées.

"Je vous invite tous à joindre le processus de réconciliation", a appelé Abhisit, annonçant le maintien de la "feuille de route" qu'il avait mise sur la table le 3 mai pour mettre fin à la crise.

Il n'a cependant donné aucune information sur la date d'éventuelles élections anticipées. Le 13 mai, alors que les négociations avec les "rouges" s'enlisaient à nouveau et que les leaders du mouvement refusaient d'y mettre fin, il avait annulé sa proposition d'organiser le scrutin le 14 novembre prochain.

Vendredi, alors qu'Abhisit s'exprimait, les services municipaux continuaient à l'aide de bulldozers à déblayer les restes des barricades de pneus, de bambous et de barbelés qu'avaient érigé les manifestants.

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"L'heure de la reconstruction" a sonné, titrait vendredi le quotidien The Nation qui, comme l'ensemble de la presse, publiait les photos des ruines fumantes du plus grand centre commercial du pays.

Center World a été totalement détruit par l'un des incendies allumés juste après la reddition des leaders "rouges". Plus d'une trentaine de bâtiments, dont la Bourse, un grand cinéma ou des banques, ont été plus ou moins endommagés par des incendies.

Le coût de ces destructions était estimé à 40 milliards de baht (1,2 milliard de dollars) par la presse locale. Et le ministre des Finances Korn Chatikawanij a averti que la diffusion des images de Bangkok en feu sur les écrans du monde entier allait "avoir un impact désastreux sur le tourisme", qui pèse 6% du PIB de la Thaïlande.

Dans la matinée, de nombreux "rouges" sont arrivés en train dans le nord et le nord-est du pays, places fortes de leur mouvement.

A la gare de Chiang Mai, principale ville du nord, une centaine de militants ont applaudi et acclamé l'arrivée de 300 manifestants de retour, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous n'avons pas perdu!", a affirmé l'un d'eux, Hoowit Kunasawat, un artiste de 49 ans. "Je suis triste. J'étais parti à Bangkok pour lutter pour la démocratie. Mais j'ai vu six personnes se faire tuer dans un temple. Pourquoi cela est-il arrivé dans mon pays?".

Abhisit a annoncé qu'une "enquête indépendante" allait examiner les événements sanglants de ces dernières semaines.