La Fédération française de football et les Girondins ont trouvé un arrangement financier pour le manque à gagner que représente le départ de l'actuel entraîneur bordelais, annoncé à la tête de l'équipe de France après le Mondial.
L’annonce prématurée et maladroite de la Fédération française de football (FFF) et la réticence de l’encadrement des Girondins de Bordeaux, son président Jean-Louis Triaud en tête, n’y auront finalement rien changé. À l’issue de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, Laurent Blanc prendra bien les rênes de l’équipe de France de football.
Techniquement, la FFF n’a pas encore officialisé la succession de Raymond Domenech, mais elle a annoncé jeudi être parvenue à un accord avec les Girondins de Bordeaux "dans la perspective du recrutement de Laurent Blanc aux fonctions de sélectionneur de l'équipe de France de football".
Le sort de Laurent Blanc, annoncé à la tête des Bleus depuis le mois de janvier, était au cœur d’un imbroglio entre la FFF et les Girondins. Le club avait pointé du doigt le caractère "prématuré" des déclarations de la fédération annonçant l’arrivée du technicien, alors que celui-ci était toujours sous contrat.
"Une fédération ne peut pas se permettre impunément d'aller débaucher de façon très prématurée un entraîneur en exercice dans un club français, sauf à dédommager ce club", avait regretté le président Jean-Louis Triaud lors d'une conférence de presse, craignant ironiquement "que 20 millions d'euros de pertes, ce soit un peu gros pour [le] budget" de la FFF.
Au terme d’une réunion, ce jeudi, les deux parties ont finalement trouvé un terrain d’entente. Selon le quotidien L’Équipe, le club aquitain devrait être dédommagé à hauteur d’1,5 million d’euros par l’instance dirigeante du football français.
Un soutien massif
Pour la FFF, l’investissement est conséquent mais ne souffre presqu’aucune contestation. Vice-capitaine de l’équipe de France 1998-2000, Laurent Blanc est un symbole des dernières épopées victorieuses des Bleus, au même titre que Zidane ou Deschamps.
Comme ses coéquipiers de l’époque, il est passé par les plus grands clubs européens (Manchester United, Inter Milan,…), et revendique un total de 97 sélections sous le maillot bleu. Forte de ce palmarès, sa candidature a reçu le soutien de nombreuses personnalités du football français.
Plus ou moins ouvertement, le président de l'UEFA Michel Platini, le président de la FFF Jean-Pierre Escalettes, le directeur technique national Gérard Houllier, et l’ancien sélectionneur des Bleus Aimé Jacquet ont tous apporté leur soutien à une éventuelle candidature de Blanc.
Un appui quasi unanime dont l’actuel sélectionneur Raymond Domenech n’a jamais fait l’objet. Pourtant, si le palmarès d’entraîneur de Laurent Blanc est déjà étoffé pour un technicien somme toute débutant (vice-champion de France en 2008 pour sa première saison, champion en 2009, une Coupe de la ligue et une qualification en quarts de finale de la Ligue des Champions), le "Président" reste malgré tout sur un goût d’inachevé avec son club.
Cette saison, après avoir survolé la première moitié du championnat de Ligue 1, Bordeaux s’est écroulé pour finalement échouer aux portes de l’Europe, à une peu glorieuse sixième place. Un échec retentissant pour le champion de France en titre qui souhaitait, au minimum, pérenniser sa place en Ligue des Champions.
Reste que l’ensemble de son œuvre semble avoir été privilégiée aux quatre derniers mois de galère qu’il a vécus. Et, alors que la FFF s’est nettement fragilisée ces dernières années en soutenant contre vents et marée un sélectionneur peu populaire, le pari de Laurent Blanc s’avère risqué. Car s’il bénéficie pour le moment d’un soutien massif, son manque d’expérience sera d’emblée pointé du doigt s’il ne parvient pas à redorer le blason des Bleus. Un scénario catastrophe pour la FFF, dont la crédibilité a d’ores et déjà été lourdement entamée.