Le camp occidental semble déterminé à maintenir la pression sur le régime iranien dans le dossier nucléaire, malgré la signature, de l'accord sur l'enrichissement d'uranium entre l'Iran, le Brésil et la Turquie.
AFP - L'Occident maintenait la pression sur Téhéran lundi, assurant que le "problème" du programme nucléaire iranien restait entier, en dépit de la signature d'un accord sur l'enrichissement d'uranium entre l'Iran le Brésil et la Turquie.
L'annonce de l'accord, qui prévoit l'échange en Turquie d'uranium faiblement enrichi iranien contre de l'uranium enrichi à 20% destiné à un réacteur de recherche à Téhéran, est intervenu alors que les Occidentaux cherchent à faire adopter aux Nations Unies des sanctions renforcées contre Téhéran.
L'Iran est déjà sous le coup de trois séries de sanctions de l'ONU pour son refus d'arrêter son programme d'enrichissement d'uranium, que les puissances occidentales soupçonnent d'être une couverture pour l'accès à l'arme nucléaire.
Mais alors que les ministres turc et brésilien des Affaires étrangères ont estimé qu'après cet accord il ne devrait plus être question de renforcer les sanctions, les Occidentaux n'entendaient pas desserrer l'étau.
"Ne nous leurrons pas : une solution à la question du (réacteur de recherche civil iranien) TRR, le cas échéant, ne règlerait en rien le problème posé par le programme nucléaire iranien", a résumé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
"Le coeur du problème nucléaire iranien, c’est la poursuite des activités d’enrichissement à Natanz, la construction du réacteur à l’eau lourde d’Arak, la dissimulation du site de Qom, les questions des inspecteurs de l’AIEA laissées sans réponse à ce jour", a insisté Bernard Valero.
A Berlin, le porte-parole adjoint du gouvernement allemand, Christoph Steegmans, a relevé que l'important était "que l'Iran et l'AIEA parviennent à un accord. Cela ne peut pas être remplacé par un accord avec d'autres pays".
"L'Iran reste une sérieuse source d'inquiétude" notamment en raison de son manque de "coopération avec l'AIEA", a affirmé le sous-secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Alistair Burt, assurant qu'il fallait "continuer" d'oeuvrer à l'ONU pour des sanctions.
Des sources occidentales proches de l'agence onusienne de surveillance nucléaire - l'AIEA avait elle même proposé à Téhéran un programme d'échange d'uranium, finalement rejeté par l'Iran - se montraient elles aussi circonspectes.
"Convenir de l'apport en combustible pour ce réacteur (de recherche ndlr) ne va pas changer la donne aux yeux de la communauté internationale", résumait ainsi à Vienne un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat.
L'annonce peut "constituer un pas dans la bonne direction" mais "ne répond pas à toutes les inquiétudes" a aussi insisté un porte-parole du chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton.
Et le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, de renchérir : "Notre position n'a pas changé : nous sommes très préoccupés par le programme nucléaire iranien".
Membres permanents du Conseil de sécurité, la Russie - qui a nettement durci le ton récemment à l'égard de Téhéran - et la Chine, n'ont pas immédiatement réagi.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui avait lui même fait le déplacement de Téhéran, tout comme le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a en tout cas vu dans l'accord tripartite "une victoire pour la diplomatie".
Victoire qui va, selon une source haut placée ayant requis l'anonymat en Israël, "singulièrement compliquer les choses" concernant l'adoption de nouvelles sanctions.
Le ministre français des Affaires étrangères, comme pour conjurer ce spectre, assurait lundi que "des progrès sur la résolution aux Nations Unies assez importants ont été faits dans les deux (derniers) jours".