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"Draquila" fait trembler l’Italie et amuse la Croisette

Présenté hors compétition, "Draquila, l'Italie qui tremble", le documentaire de Sabina Guzzanti, a déclenché l'ire du gouvernement berlusconi. À tel point que le ministre italien de la Culture a boycotté le Festival...

La cinéaste italienne Sabina Guzzanti sait attirer sur elle les lumières de la Croisette. Les salles projetant son "Draquila, l'Italie qui tremble", le film-documentaire présenté jeudi hors compétition, n’ont pas désempli. Tous les festivaliers et la presse cherchaient à voir ce film qui a attiré les foudres du gouvernement Berlusconi, au point que le ministre italien de la Culture, Sandro Bondi, a décidé de boycotter le Festival de Cannes.

"Le gouvernement cherche à tout prix à se faire passer pour une victime, et à tout porter à son avantage en diabolisant aux extrêmes tout ce qui est dit et argumenté contre lui, même si ça tient la route, explique Sabina Guzzanti, interviewée par FRANCE 24 (voir vidéo ci-dessus). Les gens qui sont moins informés et plus facilement influençables vont me considérer comme une personne pas crédible, une manipulatrice."

Le film est un réquisitoire contre la gestion du séisme qui a détruit L'Aquila en avril 2009. Le long métrage dénonce la mainmise sur la reconstruction de la ville par des hommes proches du pouvoir. Un pamphlet à la Michael Moore que Sabina Guzzanti a l'habitude de réaliser - déjà, en 2005 avec "Viva Zapatero", elle avait attaqué la mainmise du Cavaliere sur les médias -, agrémenté de séances de déguisements en Silvio Berlusconi…

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"Draquila" fait trembler l’Italie et amuse la Croisette

Mais le film n’a pas forcément convaincu toute la Croisette. "Ce sont des films qui ont les défauts de ce qu’ils condamnent. Ils reprochent une manipulation médiatique, et ils font ce même genre de manipulation médiatique", regrette le spécialiste cinéma de FRANCE 24, Alain Kruger.

La critique américaine Lisa Nesselson, interrogée par FRANCE 24, a un jugement moins tranché. "J’ai trouvé le film vivant et informatif, amusant. Peut-être pas assez didactique aux goûts de certains. Mais je ne savais pas grand-chose de l’Italie de Berlusconi, si ce n’est que c’est lui qui gère presque tout et qu’il n’y en a jamais assez pour lui."

Les Italiens présents à Cannes prédisent que le film sera censuré dans la péninsule. "En Italie, il sera interdit à la télévision, explique à FRANCE 24 Marcello Moriondo, critique italien pour le magazine mensuel de rock "Buscadero" (voir vidéo ci-dessus). Et tous les Italiens n’auront pas le privilège de voir le film. C’est triste !" La polémique ne traversera donc peut-être pas les Alpes…