En visite officielle aux États-Unis, le président afghan Hamid Karzaï doit rencontrer son homologue américain, afin de tenter d'aplanir les relations tendues qu'entretiennent les deux pays depuis quelques mois.
Depuis l'arrivée à Washington, lundi, du président afghan Hamid Karzaï, en visite officielle de quatre jours aux États-Unis, l'attitude américaine a changé. "Le tapis rouge est clairement déroulé pour lui, constate Guillaume Meyer, correspondant de France 24 à Washington. La Maison Blanche veut montrer qu'il est bien le président élu et respecté, car le ton extrêmement dur adopté envers lui par Washington ces derniers mois n'avait pas marché et l'avait affaibli".
"Nous aurons d'autres désaccords, mais c'est le signe d'une relation mûre et stable", a rappelé le président afghan mardi, à Washington.
En position délicate dans son pays depuis sa réélection en novembre dernier, Hamid Karzaï tente une stratégie de main tendue vers les Taliban. "Pour la majorité de la population afghane, il est considéré comme un président tiraillé entre les volontés étrangères et les siennes, voire comme le pantin des États-Unis", explique Claire Billet, correspondante de France 24 à Kaboul.
Selon Mirwais Yasini, vice-président de l'Assemblée nationale afghane interrogé par Claire Billet, Hamid Karzaï doit se présenter comme un président légitime pour que la communauté internationale ne lui reproche plus sa réélection. Kati Clarke, du Réseau afghan des analystes, doute de sa capacité à "montrer qu'il est un président souverain alors qu'il utilise l'argent de la communauté internationale et des troupes étrangères", sans lesquelles "on peut se demander combien de temps il resterait au pouvoir".
La stratégie afghane de Barack Obama
La stratégie du président américain, en difficulté dans les sondages, est au cœur des désaccords qui ont éclaté ces derniers mois entre les États-Unis et l'Afghanistan. La réception du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à Kaboul, le 10 mars dernier, avait été perçue comme un signe fort de la dégradation des relations avec l'allié américain. Deux semaines plus tard, le 28 mars, Barack Obama s'était rendu pour la première fois en tant que président sur le sol afghan. Il y avait fait la leçon à Hamid Karzaï, critiquant son manque d'entrain à lutter contre la corruption.
Présentes en Afghanistan depuis près de neuf ans, les troupes américaines ont reçu 30 000 soldats en renfort en décembre dernier, selon la stratégie de renforcement de la présence militaire voulue par Barack Obama afin de stabiliser le pays. L'annonce d'un retrait prévu au second semestre 2011 avait soulevé des craintes dans les rangs afghans, rappelant un épisode similaire de la Guerre froide.
"Nous n'abandonnerons pas le peuple afghan", a répondu la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, qui a rencontré Hamid Karzaï, mardi. "Nous cherchons à parvenir à une transition responsable et ordonnée après l'intervention militaire internationale", a-t-elle précisé.
Les Taliban et le gouvernement Karzaï
La rencontre avec Barack Obama sera notamment l'occasion de trouver une solution à l'épineuse question des Taliban. Le président afghan veut obtenir la caution des États-Unis pour intégrer plusieurs éléments taliban dans son gouvernement. "Le but est de réussir le conseil de paix national, dit 'loya jirga', qui aura lieu le 29 mai à Kaboul", explique à France 24 Karim Pakzad, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l'Afghanistan.
La négociation s'annonce toutefois difficile. L'administration Obama souhaite en effet que les Taliban abandonnent la violence et acceptent l'intégralité de la Constitution afghane.