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L'ex-convoyeur de fonds poursuivi pour avoir volé 11,6 millions d'euros en novembre 2009 affirme ne pas savoir ce que sont devenus les 2,5 millions d'euros de son butin sur lesquels les enquêteurs n'ont jamais remis la main.
AFP - La peine maximale de cinq ans de prison a été requise mardi à Lyon contre Toni Musulin, le convoyeur de fonds qui répondait du vol de 11,6 millions d'euros dans son fourgon fin 2009.
"On me dit que je suis Robin des bois, mais non, je suis normal", a protesté d'une voix bougonne le célèbre convoyeur poursuivi pour ce vol sans arme, ni violence, mais aussi pour "tentative d'escroquerie" à l'assurance pour le vol de sa Ferrari.
Le prévenu a réaffirmé qu'il n'avait pas emporté les 2,5 millions d'euros provenant du butin et qui n'ont jamais été retrouvés.
Brossant le portrait d'un homme "calculateur" et "parfois cynique", le parquet a réclamé la peine maximale de cinq ans de prison ferme.
"Cinq ans, ça correspond tout à fait au trouble à l'ordre public qui est causé par Toni Musulin", a estimé le substitut du procureur, Nicolas Hennebelle.
Pour le magistrat, l'un des enjeux du procès était de savoir si le convoyeur avait "agi sur un coup de tête", par rancune envers son employeur, la société suédoise Loomis.
Mais "ce n'est pas un Arsène Lupin, ce n'est pas un Robin des Bois c'est quelqu'un qui a fait son calcul: +allez, un an de prison, deux ans, trois ans, moins les réductions de peine, et après je pars et je profite des 2,5 millions d'euros+", a-t-il dit, écartant l'hypothèse d'un sursis avec mise à l'épreuve.
"Moi, je n'ai pas pris l'argent, c'est pas moi qui ai l'argent", a assuré le prévenu, alors que les enquêteurs n'ont retrouvé que 9,1 millions d'euros dans un box loué par Musulin à Lyon.
Interrogé sur les raisons de son passage à l'acte, Musulin, le visage las encadré d'une barbe poivre et sel, loin de l'image du braqueur bravache qui a fait fantasmer certains internautes, a répliqué : "J'avais décidé de le faire, je ne pouvais plus reculer".
Le convoyeur a expliqué qu'il n'avait pu charger la totalité de l'argent prélevé à la Banque de France dans le véhicule loué en prévision du vol, laissant entendre que d'autres personnes avaient pu emporter les billets manquants.
Auparavant il a expliqué comment il avait déchargé le fourgon: "Cela arrêtait pas de tomber, ils glissaient. C'était la galère", a-t-il dit.
"Si je pensais qu'ils allaient trouver le butin, je l'aurais pas fait. J'avais un peu les boules" en apprenant que le box avait été découvert, a grommelé Musulin, avant de faire le récit de ses 11 jours de cavale à moto et en train en Italie.
Quant à sa reddition à la police de Monaco, le 16 novembre 2009, il assure qu'il "n'avait pas le choix", car il "n'avait plus trop d'argent".
Le procès a tourné dans la matinée au procès de Loomis, accusé de privilégier la "rentabilité au détriment de la sécurité".
Musulin, qui est également poursuivi pour "tentative d'escroquerie" à l'assurance, a dû s'expliquer sur sa Ferrari, achetée sur internet plus de 110.000 euros et qu'il a déclarée volée lors d'un "car jacking" (vol de voiture avec violence).
S'appuyant sur ses relevés de téléphonie mobile et sur le contrôle de son passeport à la frontière serbo-croate, le 1er mai 2009, les enquêteurs le soupçonnent de s'être débarrassé de sa Ferrari en Serbie, bien que le convoyeur affirme n'y être pas allé.
"Musulin tente de se faire passer pour un salarié en souffrance qui aurait agi par désespoir", mais "il avait scrupuleusement préparé son coup", a plaidé en fin de journée l'avocate de Loomis, Me Claudia Chemarin.
"Certains ont la tentation des belles voitures, des femmes. Musulin a eu la promesse d'une vie meilleure, il s'est planté (...) Il a été complètement dépassé par les évènements", a plaidé quant à lui Me Hervé Banbanaste.
Le jugement est attendu dans la soirée.