La Grèce et le Portugal ont vu leur note souveraine abaissée par Standard and Poor's. Le risque de contagion de la crise grecque affole les marchés européens qui ont clôturé en fort repli. La Bourse de Paris a ainsi perdu 3,82 %.
AFP - La crise grecque a semé la panique sur les marchés financiers en Europe, et a commencé à s'étendre au Portugal, accentuant la pression sur l'Union européenne pour qu'elle surmonte ses divisions et débloque au plus vite l'aide financière promise.
Nouveau coup dur pour la Grèce, l'agence de notation Standard and Poor's (SP) a abaissé de trois crans la note du pays, de "BBB+" à "BB+", la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs.
En faisant cela, l'agence ferme un peu plus l'accès de la Grèce aux marchés. La crise de défiance dont les finances grecques sont victimes a commencé à s'étendre au Portugal, qui a vu lui aussi sa note dégradée par SP.
Les Bourses européennes ont décroché, l'euro a reculé et le pétrole a ouvert en baisse.
Tentant d'éteindre l'incendie, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean Claude Trichet, a déclaré qu'il était "hors de question" que la Grèce ou n'importe quel autre pays de la zone euro fasse défaut sur ses obligations.
Mais sur le marché obligataire, où se négocie la dette des Etats, les taux grecs ont battu de nouveaux records mardi, autour de 9,6%.
Dans ces conditions, la Grèce ne peut pas avoir accès aux marchés, qui offrent des taux "totalement prohibitifs", a rappelé le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou, pressant l'UE et le FMI de débloquer l'argent d'ici le 19 mai, date à laquelle arrive à échéance une obligation d'Etat de 9 milliards d'euros.
Son appel semble avoir été entendu. Les dirigeants des pays de la zone euro envisagent de se réunir le 10 mai en sommet pour approuver le versement de l'aide, a indiqué à l'AFP une source proche de la présidence espagnole de l'UE.
Et la Commission européenne devrait rendre un avis sur la demande d'aide de la Grèce la semaine prochaine au plus tard, la mission préparatoire qu'elle effectue avec la BCE et le FMI étant sur le point de se conclure, selon une autre source proche des discussions.
Les marchés doutent cependant de l'efficacité de ce plan de 45 milliards d'euros pour résoudre les problèmes d'endettement du pays, d'autant que le recul du PIB grec, attendu à 2% en 2010, pourrait être supérieur, a prévenu la Banque de Grèce.
La hausse du coût de l'emprunt est également entretenue par les réticences de l'Allemagne à prêter 8,5 milliards d'euros à la Grèce, avant des élections régionales le 9 mai qui s'annoncent risquées pour la coalition au pouvoir.
Une majorité d'Allemands (57%) estime qu'une aide financière à la Grèce est une "mauvaise décision", selon un sondage publié mardi.
Les deux chambres du Parlement allemand pourraient toutefois décider d'ici au 7 mai le déblocage de l'aide à la Grèce par Berlin, a estimé mardi un responsable parlementaire allemand, Volker Kauder.
En France, le Parlement examinera le 3 et 4 mai sa participation au plan européen (6,3 milliards d'euros).
Sur le front social, les deux grandes centrales syndicales du pays, celle de la fonction publique, l'Adedy, et celle du secteur privé, la Gsee, ont appelé à une grève générale mercredi 5 mai.
Cette appel a été lancé alors que, selon un sondage paru mardi, une majorité de Grecs (61%) désapprouve la décision du gouvernement de faire appel à l'aide de l'UE et du FMI. Le fonds fait particulièrement figure d'épouvantail, au point que 70,2% des Grecs ne veulent pas de son argent.
La perspective d'une forte mobilisation sociale n'a pas ébranlé le Premier ministre Georges Papandréou qui n'a pas caché que les Grecs allaient connaître des temps difficiles. "L'heure de vérité est arrivée": il faut "tout changer" en Grèce pour rendre l'économie viable, "Etat, habitudes, mentalités, comportements", a-t-il dit.