Un nouveau texte promulgué, vendredi, par la gouverneur républicaine de l'Arizona, état frontalier du Mexique, autorise la police à interroger des suspects sur simple soupçon de clandestinité.
AFP - La gouverneur de l'Etat américain d'Arizona, la républicaine Jan Brewer, a promulgué vendredi une loi qui durcit la législation sur l'immigration dans cet Etat frontalier du Mexique, s'attirant les critiques du président Barack Obama.
itLe texte autorise la police à examiner si des suspects se trouvent légalement sur le territoire américain sur simple soupçon de clandestinité.
Lors d'une cérémonie organisée à l'occasion de la promulgation de la loi à Phoenix, capitale de l'Arizona (sud-ouest), et retransmise sur les chaînes de télévision, Mme Brewer a lancé: "Cette loi va tous nous protéger, tous les citoyens d'Arizona, et tous ceux qui résident légalement dans notre Etat".
Un peu plus tôt vendredi, le président Obama avait critiqué la législation, jugeant qu'elle remettait en cause la notion d'équité chère aux Américains.
Au cours d'une cérémonie de naturalisation à la Maison Blanche, M. Obama avait estimé qu'une telle mesure affaiblissait "les notions de base d'équité que nous chérissons en tant qu'Américains, ainsi que la confiance entre la police et nos communautés, si importante pour garantir notre sécurité".
Lors de la promulgation de la loi, Mme Brewer a nié que le texte mette en place des contrôles au faciès.
"Je ne tolérerai aucune discrimination raciale, aucun contrôle au faciès en Arizona", a-t-elle assuré, tout en observant que le texte était avant tout destiné à s'attaquer à la violence générée par la guerre des cartels mexicains de la drogue et qui se fait ressentir jusqu'en Arizona.
Au moment où Mme Brewer signait la loi, les chaînes de télévision ont montré au moins un millier de personnes en train de protester face au Capitole de l'Etat.
Les détracteurs du texte estiment qu'il va transformer l'Arizona en "Etat policier". Frank Sharry, qui dirige America's Voice, un groupe de défense des immigrés, a jugé de façon sarcastique que "la saison de la chasse aux Latinos est ouverte" en Arizona.
Des responsables des forces de l'ordre ont eux mêmes exprimé la crainte que cela nuise aux relations entre la police et la communauté immigrée.
Le président américain a laissé entendre que les blocages à Washington sur l'adoption d'une vaste réforme de l'immigration avaient ouvert la voie à des initiatives comme celle prise en Arizona.
Selon la loi, ne pas avoir de documents d'immigration en bonne et due forme est un délit, et la police a le droit d'exiger de connaître le statut légal d'une personne si elle soupçonne qu'elle peut être clandestine.
A l'heure actuelle, la police ne peut interroger un individu sur son statut que s'il est soupçonné d'avoir commis un délit.
Barack Obama a promis une vaste réforme de l'immigration pendant sa campagne pour la Maison Blanche, afin d'accorder un statut légal aux 11 millions de sans-papiers que comptent les Etats-Unis, mais uniquement s'il arrive à rallier l'opposition républicaine.
Des initiatives en ce sens ont déjà été mises en échec au Congrès en 2006 et en 2007.
"Je vais continuer à dialoguer avec les démocrates et les républicains du Congrès. Et je tiens à souligner qu'onze sénateurs républicains avaient voté en faveur d'une réforme migratoire il y a quatre ans", a dit le président américain vendredi.
"J'ai bon espoir qu'ils (les républicains) se joignent de nouveau aux démocrates pour que nous accomplissions les progrès que les Américains méritent", a-t-il ajouté.