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Tour d'horizon des films en lice pour la Palme d'or

Quels films en compétition à Cannes pourraient remporter la si convoitée Palme d'Or cette année ? Des nouveautés, des suites, des remakes... Demandez le programme!

Parmi les films en course pour la Palme d’or de ce 63e Festival de Cannes, à remarquer une comédie française à la sauce new burlesque, un remake d’un grand classique sud-coréen, des grosses têtes d’affiche tenues par Javier Bardem ou Juliette Binoche, l’apparition de nouveaux pays en compétition, le Tchad et l’Ukraine, un thriller sur fond de complot politique américain et… aucune femme à la direction. Zoom sur les films en compétition, par ordre alphabétique des réalisateurs.

"Tournée" (Mathieu Amalric, France). Loin d’être inconnu de la Croisette, la nouvelle coqueluche des Français (et le méchant du dernier James Bond) est pour la première fois en compétition avec un film qu’il a réalisé. "Tournée" raconte l’histoire d’un producteur raté (joué par Amalric lui-même) en exil aux États-Unis, qui décide de revenir faire carrière en France avec une revue de strip-teaseuses plus kitsch que pin-up. Certainement le film le plus coloré de la sélection.

"Des Hommes et des Dieux" (Xavier Beauvois, France). Quinze ans après "N’oublie pas que tu vas mourir" pour lequel il avait obtenu le Prix du jury, Xavier Beauvois revient en compétition avec un film tout aussi sombre. En pleine guerre civile algérienne en 1996, sept moines trappistes du monastère de Tibhérine sont enlevés et séquestrés avant d’être retrouvés morts deux mois plus tard. Le massacre a longtemps été attribué au Groupe islamiste armé (GIA) avant qu’un ancien militaire n’évoque une bavure de l’armée algérienne. Pour des raisons de sécurité, le tournage a eu lieu au Maroc, où le décorateur Michel Barthélémy, récemment césarisé pour "Un Prophète", a reconstitué le monastère. Le casting vaut le coup d'oeil : Lambert Wilson, Michael Lonsdale et Roshdy Zem.

"Hors-la-loi" (Rachid Bouchareb, Algérie). Quatre ans après "Indigènes", pour lequel les acteurs principaux avaient été couronnés d’un prix d’interprétation masculine, le réalisateur français d’origine algérienne revient avec le même casting. Le film suit le destin de trois frères algériens (Sami Boualila, Jamel Debbouze et Roschdy Zem) installés en France qui militent pour l’indépendance de leur pays. Rachib Bouchareb prolonge son travail sur l’identité et les racines, en s'attaquant cette fois au massacre de Sétif, le 8 mai 1945. Le film fait déjà polémique.

"Biutiful" (Alejandro González Inárritu, Mexique). Pour ce quatrième long métrage, Inárritu a débauché l’acteur Javier Bardem pour incarner un dealer qui lutte afin de retrouver un équilibre de vie après une séparation amoureuse. Il se retrouve confronté à un ami d’enfance devenu flic. Inárritu a très souvent enchanté les festivals. Il y a dix ans, "Amours chiennes" avait obtenu le Grand Prix de la critique à Cannes. En 2003, "21 grammes" était en compétition officielle à la Mostra de Venise et "Babel" décrochait le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2006.

"Un Homme qui crie" (Mahamat-Saleh Haroun, Tchad). Haroun est le premier cinéaste tchadien à voir son film sélectionné dans la compétition officielle. En 1999, le talent du cinéaste avait déjà été récompensé pour "Bye-Bye Africa" par la Mostra de Venise qui le classe meilleur premier film. Puis, en 2002, "Abouna" est présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Mais c’est véritablement avec "Daratt, saison sèche", Prix spécial du jury à Venise, quatre ans plus tard, qu’il obtient la reconnaissance de ses pairs. Son quatrième long métrage se déroule dans un Tchad en pleine mutation. Nous suivons un ancien champion de natation qui cède sa place de maître-nageur à son fils, harcelé par le gouvernement pour participer à "l’effort de guerre".

"The Housemaid" (Im Sang-soo, Corée du Sud). Après une première sélection à la Quinzaine des réalisateurs en 2005 avec "The President’s Last Bang", le cinéaste s'attaque à un remake d’un  grand classique coréen "La Servante" de Kim Ki-Young. Le film est sorti il y a plus de 50 ans et porte toujours une forte et dérangeante charge érotique.  Le film raconte les tribulations d’un couple qui aurait pu couler des jours heureux si le mari n’avait eu une relation avec la servante fraîchement engagée.

"Copie conforme" (Abbas Kiarostami, Iran). Pour la première fois de sa carrière fournie, le cinéaste iranien - déjà couronné de la Palme d’or pour "Le Goût de la cerise " en 1997 - a posé sa caméra hors de ses frontières et est allé tourner en Toscane une histoire d’amour originale. Un écrivain anglo-saxon (joué par William Shimmel plus connu pour ses performances lyriques que pour ses talents de comédien) rencontre une galeriste française (Juliette Binoche, qui prête aussi son image à l’affiche du festival cette année) sur fond de questionnement sur les relations entre l’original et la copie en matière d’art.

"Outrage", (Takeshi Kitano, Japon) : Le cinéaste tokyoïte est, pour la première fois, dans la compétition avec un film de yakuza, le genre qui fait sa renommée. Comme à son habitude, l’homme passe des deux côtés de la caméra et incarne un chef de gang chargé d’effectuer le sale boulot dans les mauvais quartiers de la capitale japonaise. Kitano  est un habitué du festival. En 1993, l’acteur était à Cannes pour "Furyo" dans lequel il jouait aux côtés de David Bowie. En 1999, il repart les mains vides de la compétition, où il tentait sa chance avec "L’Été de Kikujir".

"Poetry", (Lee Chang-dong, Corée du Sud) : Ce romancier devenu réalisateur officiait parmi les membres du jury d’Isabelle Huppert l’année dernière. Il se  retrouve de l’autre côté du décor cette année. Le cinéaste remet en scène après quinze ans d’absence Yoon Jeong-Hee - une des comédiennes les plus populaires de son pays – qui campe le rôle d’une grand-mère atteinte d’Alzheimer. Femme de ménage le jour et poète la nuit, cette femme tente de remettre son petit-fils qu’elle élève seule, dans le droit chemin.

"Another Year", (Mike Leigh, Grande-Bretagne). Déjà Palme d’or en 1996 pour "Secrets et mensonges", et membre du jury sous la présidence d’Isabelle Adjani l’année suivante, Mike Leigh revient cette année à Cannes avec son quatrième long métrage. Le cinéaste britannique reste fidèle à ses acteurs fétiches : Jim Broadbent, Philip Davis et Imelda Staunton. Il a, comme à son habitude, garder secret ses intrigues ; il faudra donc attendre les projections pour découvrir "Another Year".

"Fair Game", (Doug Liman, Etats-Unis). En tant que seul représentant des films grands publics hollywoodiens, le cinéaste américain fera figure à part à Cannes, Doug Liman oscille habituellement entre comédie ("Swingers" - Jon Favreau, Vince Vaughn), action ("La Mémoire dans la peau" - Matt Damon, Clive Owen) ou les deux à la fois ("Mr. & Mrs. Smith" - Brad Pitt et Angelina Jolie). Cette fois, il propose un thriller qui s’inspire d’une histoire vraie. Un ex-ambassadeur américain (Sean Penn) découvre que des documents ayant servi à l’administration Bush pour déclencher la guerre en Irak étaient faux. Sa femme (Naomi Watts) se retrouve en grand danger.

"Mon Bonheur", (Sergei Loznitsa, Ukraine) : Le premier long métrage ukrainien en compétition à Cannes raconte la descente aux enfers d’un camionneur qui, en pleine crise existentielle, finit par devenir meurtrier. Plus connu pour ses documentaires, le réalisateur de 46 ans présente lui-même son film comme un reflet réaliste de la situation instable en Ukraine.

"La Nostra vita" (Daniele Luchetti, Italie) : Après la caméra d’Or en 1998 pour "Demain arrivera" et un pamphlet humoristique "Le Porteur de serviette" - en compétition à Cannes en 1991 -, celui qui a fait ses classes comme assistant de Nanni Moretti revient dans la compétition avec "La Nostra vita". Le seul film italien en compétition raconte l’histoire d’un ouvrier en plein deuil qui soulage sa douleur en gagnant de l’argent par des moyens qui frôlent l’illégalité. Dans une interview donnée au quotidien milanais Corriere delle sera Luchetti explique "plus que l’histoire d’un seul homme, "La Nostra vita" est celle d’un pays tout entier".

"Soleil Trompeur 2", (Nikita Mikhalkov, Russie) : Seize ans après un premier opus victorieux du Grand Prix du Jury avec "Soleil trompeur", Mikhalkov raconte la suite du funeste destin du Colonel Serguei Kotov, qu’il interprète à nouveau. Ce héros de la révolution bolchévique, emprisonné dans un goulag, parvient à s’échapper ; commence alors une grande traversée de l’URSS au bord du gouffre. Le film et son auteur soulèvent la fronde de nombreux cinéastes russes qui ont signé une pétition intitulée "On ne l’aime pas !" pour protester contre le goût du cinéaste pour le nationalisme russe. Le réalisateur proche de Vladimir Poutine est aussi président de l’Union des cinéastes russes, l’organe qui participe à la distribution des subventions publiques pour le cinéma.

"Un garçon fragile – The Frankenstein Project" (Kornél Mundruczó, Hongrie) : Deux ans après son « Delta » sacré Grand Prix de la semaine internationale de la critique, le seul Hongrois de ce festival entre dans la compétition avec un quatrième long-métrage. Fidèle aux thèmes lourds et durs à traiter qui lui sont chers, le réalisateur a adapté un des classiques de l’auteur gothique Mary Shelley après l’avoir repensé. A l’écran, le monstre est un adolescent hongrois qui, sortant d’un institut spécialisé, se bat pour se faire accepter dans une famille déjà trouble.

"La Princesse de Montpensier", (Bertrand Tavernier, France) : Près de vingt ans après  "Daddy Nostalgie", Tavernier est de retour dans la compétition avec son adaptation d’une nouvelle de Madame de Lafayette, publiée anonymement en 1662. Cette romance en costume, entre le duc de Guise (Gaspard Ulliel) et Mlle de Mézières (Mélanie Laurent), contrainte d’épouser le prince de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet), a donné du fil à retordre au producteur Éric Heumann, par ailleurs producteur attitré de Wong Kar-wai. L'effort pourrait valoir au réalisateur une récompense, à laquelle il a déjà prétendu par trois fois.

"Chongqing Blues" (Xiaoshuai Wang, Chine) : Vainqueur du prix du Jury en 2005 pour "Shangai Dreams", Wang était d’abord en compétition dans la sélection Un Certain Regard avec son nouveau film avant d’être promu à la compétition officielle. Le seul film chinois en lice pour la Palme d’Or, "Rizhao Chongqing" raconte l’histoire d’un père de famille heurté par la mort d’un fils de 25 ans qu’il a peu connu. C’est au cours d’un périple qui a comme point de départ la ville de Chongqing, où ils ont vécu jadis, que ce père absent va peu à peu réaliser l’impact de son comportement sur la vie de son enfant.

"Loong Boonmee Raleuk Chaat", (Apichatpong Weerasethakul, Thaïlande) : Ce nouveau long métrage du cinéaste thaïlandais s’annonce comme la suite de "A Letter to Uncle Boonmee", une lettre filmée et adressée à une personne déjà morte. Ce court métrage fut présenté en 2009 - notamment au Centre Pompidou à Paris – dans le cadre d’une installation vidéo baptisée Primitive. Avec ce dernier film, nous suivons les deux derniers jours d’un homme malade qui part retrouver sa femme, ou son fantôme, en pleine campagne thaïlandaise. Ce film est le troisième du cinéaste à être présenté en sélection officielle après : "Blissfully Yours", Prix "Un Certain Regard" en 2002 et "Tropical Malady", Prix du Jury en 2004.

Le dernier film de Ken Loach, "Route Irish", qui évoque la guerre en Irak, s’est rajouté à la dernière minute aux 18 films en compétition pour la Palme d'or. Les organisateurs ont pris leur décision deux jours avant l’ouverture du Festival, après avoir eu la garantie que le film ’’serait terminé à temps’’. Sélectionné pour la 10e fois, le réalisateur britannique a reçu la Palme d'or en 2006 avec "Le vent se lève".