
Dans le cadre de la campagne des législatives, les chefs des trois grands partis s'affrontent lors d'un débat télévisé. Les yeux seront rivés sur Nick Clegg, le leader des "Lib-Dems", qui doit confirmer sa percée dans les sondages.
AFP - Le leader des libéraux-démocrates, Nick Clegg, remet en jeu une popularité aussi neuve que spectaculaire jeudi soir, à l'occasion du deuxième débat télévisé entre les chefs des trois grands partis britanniques en lice pour les législatives.
Jusqu'alors relégués au rang d'outsider de la politique britannique, en troisième place loin derrière le Labour et les Tories, les "Lib Dems" ont été propulsés sur le devant de la scène après la performance jugée plus convaincante de Nick Clegg lors du premier débat télévisé le jeudi 15 avril, une formule inédite dans l'histoire du pays.
Le dernier sondage, réalisé par YouGov pour le Sun de jeudi, crédite les conservateurs de 33% des intentions de vote, contre 31% pour les libéraux et 27% pour les travaillistes.
La percée de Nick Clegg a fait frémir le chef de file de l'opposition conservatrice David Cameron et le Premier ministre travailliste Gordon Brown. M. Clegg apparait ainsi comme l'homme à abattre au cours de ce deuxième débat télévisé, organisé à Bristol (sud-ouest) par la chaîne Sky News.
Déjà, la presse conservatrice a sonné la charge contre le "troisième homme". Le Daily Telegraph consacre sa Une aux "révélations" sur des dons d'hommes d'affaires versés directement sur le compte bancaire de Nick Clegg et non sur celui du parti. Les "Lib Dems" ont répondu que ces sommes avaient été "déclarées selon les règles".
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Le Daily Mail accuse de son côté M. Clegg d'être un "admirateur éhonté du projet européen qui méprise la souveraineté britannique".
Le ton est lancé: Nick Clegg devrait être attaqué devant les caméras de télévision sur le terrain qui lui est le moins favorable au pays de l'euroscepticisme: son europhilie. Ancien député européen, le leader libéral-démocrate entend soumettre à référendum l'abandon à long terme de la livre sterling au profit de l'euro, un scénario largement honni au Royaume-Uni et rejeté par le Labour et les Tories.
A l'autre bout de l'échelle, les conservateurs seront accusés d'être trop eurosceptiques. Le ministre travailliste des Affaires étrangères, David Miliband, a dénoncé jeudi "l'isolement" des Tories, prenant en exemple Airbus pour prouver le bienfondé de la "coopération" européenne.
Dans ce deuxième débat consacré à la politique étrangère, avant un troisième et dernier le jeudi 29 avril, qui portera sur l'économie, Nick Clegg souffrira de son manque de stature en tant que Premier ministrable.
"Nous construisons une économie pour l'avenir... Cela nécessite l'expérience et la détermination que nous avons", a affirmé jeudi matin Gordon Brown. Le Premier ministre sortant devrait cependant une nouvelle fois ménager Nick Clegg, dans la perspective d'une coalition post-électorale qui permettrait au Labour de poursuivre un règne déjà vieux de 13 ans.
M. Clegg continuera quant à lui à se différencier de ses deux rivaux, rappelant combien les "Lib Dems" se sont vivement opposés à l'engagement britannique en Irak, décidé par le Labour avec l'assentiment des conservateurs. Il réitérera aussi son souhait de rapatrier les troupes d'Afghanistan "pendant la prochaine législature", à la différence de MM. Brown et Cameron.
Ce dernier voudra pour sa part reprendre l'initiative en menaçant le pays d'une catastrophe économique en cas de parlement sans majorité absolue, un scénario que risquerait de faire naître une poussée des "Lib Dems" aux législatives du 6 mai.
"Un parlement sans majorité absolue signifie l'instabilité, l'incertitude, potentiellement des taux d'intérêt plus élevés, potentiellement la perte de la note de crédit du Royaume-Uni", a averti M. Cameron cité jeudi par le quotidien Times.
"J'espère que les gens ne vont pas se laisser effrayer" lors du scrutin, a déclaré Nick Clegg jeudi à Bristol.