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Le procès de l'attentat de Djerba s'ouvre à Paris

Le procès de trois personnes, complices présumées du kamikaze qui, en 2002, avait fait exploser un camion contre une synagogue de Djerba, en Tunisie, s'ouvre ce lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Reuters - A l'ouverture de son procès à Paris, un lieutenant présumé d'Oussama ben Laden jugé pour complicité dans un attentat-suicide en Tunisie en 2002 s'est dit innocent et a exprimé sa compassion envers les victimes.

L'affaire concerne un attentat au camion piégé commis le 11 avril 2002 par un kamikaze tunisien, Nizar Naouar, contre une synagogue de Djerba. Il avait fait 21 morts - 14 Allemands, cinq Tunisiens et deux Français - et plusieurs dizaines de blessés.

"Ce qui se passe ici, ce n'est pas la recherche de la vérité, mais une exécution", a dit l'Allemand Christian Ganczarski à la cour d'assises spéciale lundi, se plaignant d'une enquête qu'il juge partiale.

"Je n'ai à rien à voir avec les attentats mais lorsque des innocents meurent, cela me touche profondément", a-t-il ajouté.

Depuis son arrestation à l'aéroport de Roissy en juin 2003, cet homme de 42 ans converti à l'islam est présenté par le parquet comme l'exemple unique d'un Occidental qui fut un proche collaborateur du chef d'Al Qaïda en 1998-2002.

Barbu, veste brune, murmurant des prières les yeux fermés, entouré de six gendarmes dans son box, il a laissé entendre qu'il répondrait aux questions de la cour.

Son avocat, Me Sébastien Bono, a demandé l'annulation des poursuites, se fondant sur des déclarations de Nicolas Sarkozy en juin 2003 à l'Assemblée nationale. Alors ministre de l'Intérieur, il avait présenté Christian Ganczarski comme un "haut responsable d'Al Qaïda".

"Il n'y a plus de possibilité de garantir un procès équitable à mon client, dès lors qu'il est présenté de manière officielle et péremptoire comme un haut cadre d'Al Qaïda", a dit l'avocat. La cour devait statuer d'ici mardi sur sa demande.


DEUX AUTRES ACCUSES

Le procès, qui durera jusqu'au 6 février, concerne aussi Khalid Cheikh Mohammed, 44 ans, Pakistanais né au Koweït et considéré comme le "cerveau" des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Il est jugé en son absence car il est détenu à la base américaine de Guantanamo.

Un troisième accusé, Walid Naouar, Tunisien de 28 ans et frère du kamikaze de Djerba, comparaît. Arrêté dans le Rhône où il résidait, il est en prison depuis 2002.

Ganczarski et Cheikh Mohammed ont été appelés par le kamikaze juste avant qu'il ne passe à l'action, d'un téléphone satellite que son frère lui avait fait porter en Tunisie, avec un modem et de faux papiers.

Les deux accusés présents nient toute implication et assurent qu'ils ne connaissaient pas le projet de Nizar Naouar. Tous encourent la réclusion à perpétuité.

Jamais interrogé dans cette affaire, Khalid Cheikh Mohammed, qui aurait été chargé des "opérations extérieures" d'Al Qaïda, plaide coupable dans un autre procès ouvert début décembre a Guantanamo, qui porte sur les attentats du 11 septembre 2001 de New York et Washington. Il y encourt la peine de mort.

Une importante pièce à charge contre Christian Ganczarski est la dernière conversation avec le kamikaze, enregistrée par la police allemande. Ce dernier lui demande une bénédiction en arabe (douhaa) et l'Allemand répond : "Que Dieu te récompense".

Présenté par l'accusation comme l'ancien spécialiste en informatique et télécommunications d'Al Qaïda, l'Allemand peut être vu sur un enregistrement vidéo remis par l'armée américaine et versé au dossier français, qui sera projeté au procès.

En janvier 2000, il participe sur les images à une réunion en Afghanistan en compagnie d'Oussama ben Laden et de l'Egyptien Mohammed Atta, chef des pilotes kamikazes du 11-Septembre.

Fait inexpliqué à ce jours, ces éléments ont été rejetés par la police allemande, qui a interrogé Ganczarski une quinzaine de fois en 2002 mais l'a laissé partir sans le poursuivre.

C'est un retour forcé d'Arabie saoudite vers la France en 2003, une expulsion organisée par les services secrets occidentaux selon sa défense, qui a permis son arrestation.