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Une nouvelle fois au cœur d'une polémique à la suite du lien effectué par son secrétaire d'État entre homosexualité et pédophilie, le Vatican a été contraint de procéder à une "clarification" des propos tenus par le cardinal Tarcisio Bertone.

AFP - La controverse provoquée par le cardinal Tarcisio Bertone, qui a lié homosexualité et pédophilie, a contraint mercredi le Vatican à s'expliquer sur les propos de son numéro deux, qui ont été jugés "inacceptables" par la France.

Le cardinal Bertone se "référait évidemment au problème des abus commis au sein du clergé et non à ceux commis dans l'ensemble de la population", a argumenté le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.

Le père Lombardi a précisé à l'AFP qu'il s'agissait d'une "clarification et pas d'une prise de distance" du Vatican par rapport aux déclarations du secrétaire d'Etat.

Le cardinal Bertone avait déclaré lundi au Chili: "Nombre de psychologues, de psychiatres, ont démontré qu'il n'y avait pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d'autres ont démontré, et m'ont dit récemment, qu'il y a une relation entre homosexualité et pédophilie".

Seul pays à avoir jusqu'ici réagi officiellement, la France a condamné mercredi les propos du numéro deux du Vatican en les qualifiant d'"amalgame inacceptable".

Les déclarations du secrétaire d'Etat du Vatican ont aussi suscité une vague de rejet dans toute l'Europe et mercredi encore, les réactions d'associations ainsi que les commentaires dans la presse continuaient d'affluer.

Pour les homosexuels catholiques portugais de Novos Rumos, de tels propos "continuent de creuser le fossé entre l'Eglise, en tant que communauté de fidèles, et une certaine hiérarchie".

Du côté de la presse, La Libre Belgique, pourtant considérée comme proche de l'Eglise, dénonce quant à elle "un couac de trop": "Stigmatiser la communauté homosexuelle à coups d'arguments non étayés n'est pas fait pour ramener la sérénité entre Rome et l'opinion".

Les responsables du Vatican "sont dans une situation de crise et se rendent parfaitement compte que ce scandale est très dangereux pour l'Eglise", analyse pour l'AFP le vaticaniste Bruno Bartoloni. Du coup, "ils sont un peu paniqués et dépassent la mesure", dit-il.

Déjà, le 6 avril, des propos d'Angelo Sodano, prédécesseur du cardinal Bertone, qui avait comparé les mises en cause du pape sur la pédophilie à celles visant le controversé Pie XII, avaient indisposé la communauté juive.

Autre exemple: le Vendredi Saint, le prédicateur du Vatican avait dressé indirectement un parallèle entre l'antisémitisme et les attaques visant l'Eglise, soulevant un tollé tant chez les juifs que chez les victimes d'abus.

"La façon dont le cardinal Bertone s'est exprimé n'était pas opportune. Le résultat a été ravageur, parce qu'il a ouvert un nouveau front de polémiques après celles du Vendredi Saint", confirme à l'AFP Andrea Tornielli, vaticaniste du quotidien Il Giornale.

Un éditorialiste du Corriere della Sera, Piero Ostellino, va jusqu'à suggérer que le pape devrait être lui-même "protégé" des "propos imprudents de certains hauts prélats".

"C'est un dommage que l'Eglise cause à elle-même plus qu'aux homosexuels", renchérit Francesco Merlo de La Repubblica, qui voit dans ces propos "une confession dramatique de faiblesse qui traduit l'état de confusion dans lequel se trouve l'Eglise catholique en ce moment".

Depuis le début des révélations sur d'anciens abus sexuels commis sur des mineurs par des prêtres, l'Eglise catholique allemande perd quant à elle des fidèles par milliers dans le sud très catholique du pays. Rien qu'en mars, deux diocèses ont perdu plus de 5.000 membres, a rapporté mercredi la presse allemande.

Dans ces conditions, quelle est la voie de sortie pour l'Eglise ? Bruno Bartoloni prône "un consistoire rassemblant les cardinaux du monde entier pour discuter du problème" qui serait "une initiative importante en direction de l'opinion publique catholique".