
Correspondance de Buenos Aires – Si le Dakar représente un enjeu de taille pour les équipes professionnelles, il demeure essentiellement une affaire d’amateurs : des passionnés qui investissent une bonne partie de leur vie pour une aventure de quinze jours.
Cristobal Guerrero a attendu ses 48 ans pour enfin s’inscrire au Dakar. " Quand j’étais plus jeune, ma situation économique ne me le permettait pas. La situation s’est améliorée, mais je me suis dévoué à ma famille", explique celui qui a transmis sa passion à ses enfants – deux de ses fils sont champions de moto tout terrain. "Maintenant qu’ils sont grands, je peux me le payer."
Les concurrents doivent débourser 60 000 euros pour s'aligner au départ. Crédit photo : Marianne Niosi. |
Parcourir le Dakar est un rêve de gamin pour nombre d’aficionados des sports motorisés. Il est à portée de main de tout amateur, pourvu d’avoir 60 000 euros à débourser. Car les 13 500 euros que coûte l’inscription au rallye sont loin de suffire à accéder au saint des saints du sport motorisé d’aventures. Outre les frais de transports de l’équipement et du pilote, il faut compter avec le soutien d’une équipe technique à même de régler les petits et, souvent, très gros bobos encourus par les machines sur les 9 000 kilomètres de terrain rugueux que dure cette édition du plus fameux rallye motorisé au monde.
Chasse aux sponsors entre deux entraînements
Les amateurs, qui représentent 80 % de la caravane du Dakar, peuvent, comme les professionnels, solliciter l’aide de sponsors. Mais solliciter les entrepreneurs est un véritable périple pour qui travaille déjà, en plus des entraînements (25 heures par semaine au gymnase, à bicyclette sur route et à moto). José Sanchez Tapia a réussi à faire financer 30 % de son budget : essentiellement des amis, qui ont mis la main à la poche pour l’aider à réaliser son rêve.
Certains passionnés mettent toute leur vie au service du Dakar. "C’est comme une drogue, c’est un trip énorme", explique Xavi Mora, concurrent amateur en 2006, aujourd’hui manager chez Epsilon Team, une équipe de support logistique et technique. "L’objectif des organisateurs, c’est de tout faire pour que le parcours soit infranchissable. En tant que concurrent, tu dois déjouer les obstacles. Quand tu y arrives, c’est une satisfaction énorme." Entrepreneur dans la construction à la ville, il prépare le Dakar depuis deux mois pour les quatre concurrents motocyclistes qui ont sollicité les services d’Epsilon, une entreprise catalane qui gère en tout 35 concurrents de tous les horizons.
Le Team Epsilon, composé principalement de concurrents amateurs. Crédit photo : Marianne Niosi. |
Si le Dakar représente un enjeu de taille pour les équipes professionnelles, il demeure essentiellement une affaire d’amateurs. Des passionnés qui investissent une bonne partie de leur vie au service d’une aventure de quinze jours.
Les amateurs n’ont pas sur les épaules la même pression que les professionnels. Rafa Cisco, quadragénaire au visage buriné par le soleil, en est à son sixième Dakar. L’objectif de tout amateur est de "compléter le rallye, un point c’est tout, assure-t-il. Celui qui te dit autre chose est un menteur." Il a croisé deux fois la ligne d’arrivée du Dakar, mais a dû abandonner trois fois. En cause, "une clavicule et deux moteurs". Des petits accidents qui ne l’ont pas empêché de recommencer, en mettant toutes ses économies au service de la moto tout terrain.
"Beaucoup d'émotion"
Chez Epsilon, comme dans tout le rallye, la majorité des concurrents est amateur. Pour l’entreprise, le Dakar 2009 serait une belle édition avec 50 % de réussite chez ses clients.
A la veille du départ, les pilotes ont effectué un dernier contrôle technique avec les deux mécaniciens d’Epsilon, qui les suivront tout au long de la compétition. L’atmosphère est détendue, mais à 21 heures, il est grand temps d’aller se coucher. Des peurs ? "Non, mais beaucoup d’émotion...", assure Rafa.