L'armée israélienne avance rapidement dans la bande de Gaza et concentre son offensive autour de la ville de Gaza. Trente soldats israéliens ont été blessés, dont deux grièvement, et le Hamas dit en avoir capturé deux autres.
Regardez le reportage : "Israël autorise les étrangers à évacuer Gaza".
Chars, fantassins, canons, hélicoptères, marine : l'armée israélienne a lancé l'ensemble de ses forces dans l'offensive terrestre déclenchée samedi soir contre la bande de Gaza.
Les combats, qui ont déjà fait au moins 30 blessés parmi les militaires israéliens et un nombre inconnu de victimes parmi les combattants du Hamas, se poursuivaient dimanche en de multiples points du territoire palestinien.
"On constate un immense nuage de fumée noire au-dessus du nord de la bande de Gaza", rapporte Lucas Menget, envoyé spécial de FRANCE 24 à la frontière entre le territoire palestinien et Israël. Il ajoute que l'artillerie israélienne, qui avait pilonné la zone toute la nuit, a remis ses canons en action à sept heures dimanche matin.
Lucas Menget constate l'entrée de "tanks et d'hélicoptères qui tirent des missiles air-sol à l'intérieur de la bande de Gaza". Il ajoute entendre "de temps en temps des répliques palestiniennes qui ressemblent à des tirs de mortiers".
Le même scénario se reproduit en différents points de passage le long de la frontière. Selon Radjaa Abou Dagga, correspondant de FRANCE 24 dans la ville de Gaza, l'armée israélienne avance sur cinq axes échelonnés du nord au sud du territoire.
Les troupes israéliennes, appuyées par des bombardements de l'artillerie, de l'aviation et de la marine de guerre, ont avancé en profondeur dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza. |
Ce dimanche matin, des témoins rapportaient à l'AFP que les troupes israéliennes avaient atteint les faubourgs de la ville de Gaza. "On entend le bruit des combats depuis le centre-ville", a confirmé Zohir Nadjar, également correspondant de FRANCE 24 dans la ville de Gaza.
Selon Annette Young, correspondante de FRANCE 24 à Jérusalem, "les analystes militaires israéliens ont toujours dit que le Hamas essaierait d'attirer ces troupes dans des zones densément construites, où le scénario tournerait à la guérilla urbaine".
La guérilla, un risque politique pour Israël
Ce type de combats, susceptible de provoquer de lourdes pertes chez les militaires israéliens et chez les civils palestiniens, constitue un risque politique majeur pour les dirigeants de l'Etat hébreu à la veille d'élections législatives anticipées prévues le 10 février.
Critiquée après l'échec de son offensive contre le Hezbollah au Liban en 2006, l'armée israélienne a depuis renforcé sa préparation en renouvelant ses méthodes d'entraînement et en investissant dans de nouveaux équipements.
Néanmoins, le ministre adjoint de la Défense Matan Vilnai a déclaré qu'Israël était prêt à "de longues semaines d'action". La journaliste Annette Young a constaté que "des dizaines de milliers de réservistes [avaie]nt été appelés et se dirigeaient vers des camps d'entraînement partout en Israël tôt ce matin."
Selon l'armée israélienne, 30 de ses soldats ont été blessés, dont deux grièvement, depuis le début de l'offensive terrestre. Ses responsables ont démenti les affirmations du Hamas, qui a déclaré avoir tué plusieurs militaires et en avoir capturé deux.
Toujours selon Israël, "des dizaines de combattants armés du Hamas ont été touchés". Le mouvement palestinien n'a pas communiqué ses pertes. Dans un hôpital de Gaza, notre correspondant Zohir Nadjar a vu les corps de trois hommes portant l'uniforme du Hamas et une source lui a indiqué que six autres avaient également été tués.
Des témoins ont par ailleurs indiqué qu'un tir d'obus tiré par un char israélien au nord de Gaza a tué 12 personnes, en majorité des civils.
L'opération, qui a commencé par huit jours de bombardements aériens, a causé jusqu'ici la mort d'au moins 460 Palestiniens. Depuis le début de l'attaque terrestre, les ambulances de Gaza ne peuvent plus atteindre les victimes des combats.
Déjà durement éprouvée par des mois de blocus et plus d'une semaine de raids aériens, la population est livrée à elle-même. "Les Palestiniens ne savent pas s'ils doivent quitter leur maison ou pas, ils sont dans une situation critique", rapporte Zohir Nadjar. Des témoins ont indiqué à l'AFP que des dizaines de familles fuyaient l'avancée des troupes israéliennes.
La Commission européenne a demandé à Israël de respecter le droit international en ouvrant "l'accès à des gens qui souffrent et meurent" à la suite de l'invastion de la bande de Gaza.
"Un million et demi de personnes sont entassées dans un territoire qui fait un peu plus de 1% de la superficie de la Belgique. Ils dépendent d'approvisionnements extérieurs pour survivre et leur situation devient chaque jour plus désespérée", a déclaré Louis Michel, commissaire européen en charge du Développement et de l'Aide humanitaire, dans un communiqué.
Réactions internationales en ordre dispersé
La communauté internationale a réagi à l'offensive israélienne en ordre dispersé. Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni pour examiner une demande de cessez-le-feu "immédiat" formulée par la Libye, s'est séparé sans adopter de position commune.
Les Etats-Unis ont préféré appeler à un cessez-le-feu "dès que possible", sans donner de date butoir. "Ils estiment qu'Israël est en état de légitime défense", explique Philippe Bolopion, correspondant de FRANCE 24 à New York. "Selon eux, cela ne sert à rien que le Conseil de sécurité gaspille son énergie et son prestige à demander des cessez-le-feu qui ne seront pas respectés."
"Il n'y a pas d'accord, mais des convergences sérieuses pour exprimer une profonde inquiétude", a déclaré Jean-Maurice Ripert, ambassadeur de France à l'ONU et président du Conseil de sécurité.
"Il y a le silence assourdissant des pays arabes, Egypte en tête. Israël n'en attendait pas tant", ajoute Marc de Chalvron, correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem. "Jamais ou presque les Israéliens n'ont eu autant de latitude pour agir."
L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui représente le Quartette des médiateurs au Proche-Orient, a prévu d'entamer dimanche une navette diplomatique entre les autorités israéliennes et les dirigeants palestiniens en Cisjordanie, rivaux du Hamas.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé dimanche à un cessez-le-feu immédiat entre l'armée israélienne et les combattants palestiniens.
Une mission diplomatique de l'Union européenne est également attendue au Proche-Orient dimanche. Le président français Nicolas Sarkozy, qui doit quant à lui arriver dans la région lundi, prévoit également de rencontrer le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas.
Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Paris et Londres, tandis que d'autres manifestations avaient lieu aux Etats-Unis, en Asie et dans d'auters villes européennes pour demander à Israël de stopper ses attaques.
A Tel Aviv, des Israéliens ont manifesté pour et contre l'opération militaire. En Cisjordanie, des soldats israéliens ont tué un Palestinien qui manifestait contre l'offensive militaire dans la bande de Gaza, selon des sources médicales palestiniennes.
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