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Au lendemain du départ précipité du chef de l'État khirgize, Kourmanbek Bakiev, certains manifestants se sont introduits dans le palais présidentiel pour y récupérer ce qu'ils disent leur appartenir. Reportage.

La situation au Kirghizstan reste très incertaine après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui se sont poursuivis dans la nuit de jeudi à vendredi et qui ont fait 76 morts et 1 520 blessés, selon le bilan officiel. Les manifestants en colère ont brûlé des boutiques et pillé la maison du président Kourmankek Bakiev, qu’ils avaient déjà incendiée mercredi.

Les radiateurs sont démontés, les lavabos en marbre embarqués, les lustres arrachés... Rien n'est oublié. "Ils se sont payés tout ça avec nos impôts, notre argent, lance l'un des pillards. Au lieu d’aider les pauvres, ils se sont construits des châteaux."

Le gouvernement intérimaire formé par l’opposition tente d’apaiser la situation et de reprendre le contrôle de Bichkek, la capitale. Une journée de deuil national a été décrétée, alors que le pays s'apprête à mettre en terre, ce vendredi, les premières victimes des affrontements.

Peu de temps après avoir pris les commandes du pays, l'opposition s'est engagée à organiser des élections dans les six mois à venir. "Le peuple s'est laissé tromper […] Nous allons faire de notre mieux pour diriger honnêtement le pays avec plus de justice et de libertés", a déclaré Rosa Otoubaïeva, ancienne alliée de Bakiev, qui avait très vite dénoncée la dérive autoritaire du régime.

Samir Parmankulov, membre du gouvernement intérimaire, chargé de l’énergie et de la sécurité, s’est, pour sa part, adressé directement au président déchu : "Nous demandons à l’ancien président d’arrêter de monter le Nord contre le Sud […] Nous exigeons qu’il rédige une lettre de démission."

De son côté, Kourmankek Bakiev, s'est dit prêt à négocier avec l'opposition, affirmant que son objectif principal était d'éviter une guerre civile. Il se refuse toutefois à quitter le pouvoir. "Je suis toujours le président. Il y a neuf mois, 80 % de la population a voté pour moi", a affirmé le président déchu qui aurait trouvé refuge dans le sud du pays.