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Les sinistrés de la tempête Xynthia toucheront 250 000 euros par maison détruite

Un total de 1 393 logements situés en zones jugées d'"extrême danger" seront détruits en Charente-Maritime et Vendée, régions ravagées fin février par la tempête Xynthia. Leurs propriétaires toucheront en moyenne 250 000 euros.

Les propriétaires des 1.393 maisons en Charente-Maritime et Vendée, soumises à démolition, toucheront en moyenne 250.000 euros d'indemnisation, a déclaré jeudi devant le Sénat Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA).

Ce montant correspond au prix de la maison et du terrain.

Un budget de 300 à 400 millions d'euros est prévu pour ces indemnisations, tiré du Fonds Barnier, qui indemnise les victimes de catastrophes naturelles, a-t-on ajouté de même source.

80% des sites sinistrés ont déjà fait l'objet de la visite d'un expert, et pour les 20% restants, il y aura une visite d'expertise "dans les prochains jours", selon M. Spitz.

Interrogé sur les délais de paiement des indemnités, M. Spitz n'a pas donné de chiffres précis, indiquant simplement que ce serait "rapide". Il a encore rappelé que les compagnies d'assurance avaient proposé de faire des avances de règlement.

Au plan global, la tempête devrait coûter 1,5 milliard d'euros aux compagnies d'assurance, soit un montant moyen de 3.750 euros par sinistre.

Sur les 400.000 sinistres déclarés, 10% relèvent du domaine de la "catastrophe nationale" car provoqués par des inondations, et 90% du domaine traditionnel de l'assurance (dégâts dus au vent).

Par ailleurs, également au Sénat, Pierre Michel, directeur général adjoint à la CCR (Caisse centrale de réassurance) a estimé que "l'ampleur des dégâts est gérable", sans appel à la garantie de l'Etat.

L'intervention de la CCR dans le processus d'indemnisation n'a "aucun impact sur les délais de paiement des indemnisations", a-t-il encore assuré.

Durant ces auditions au Sénat, des centaines d'habitants du littoral atlantique ont découvert si leur maison allait être ou non détruite, sur ordre de l'Etat.

À l'Aiguillon-sur-mer, petite station balnéaire familiale du littoral vendéen, 241 habitations, dont 25 résidences principales doivent être rasées.

A la Rochelle, le préfet de Charente-Maritime, Henri Masse a tenu à préciser que les "zones noires" qui présentent "un danger de mort avéré" n'étaient "pas négociables".

"Les gens doivent quitter leurs maisons", a-t-il dit alors que le secrétaire d'Etat aux Transports et président du conseil général de Charente-Maritime Dominique Bussereau avait laissé entendre dans la matinée que "rien n'est encore figé" pour quelques communes charentaises.

Jeudi matin à l'Aiguillon-sur-mer, certains ont sangloté de soulagement en découvrant la carte, d'autres "savaient que c'était plié" et s'étaient résignés par avance. Cette décision "est pire que ce qui s'est passé le 28 février" mais "il faut qu'on parte pour sauver nos vies et celles de nos enfants", lance une habitante de la commune.

"On va se battre, on ne va pas se laisser faire comme ça", assure de son côté Mireille Nourisson. Sa résidence secondaire a été construite il y a une soixantaine d'années sans permis de construire route de la Pointe, près du marais poitevin. Le 28 février, la maison a été envahie par 25 cm d'eau.

"Je sais bien qu'il y a des personnes pour qui ça va être un arrachement épouvantable", a reconnu le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot devant les quelque 600 habitants rassemblés dans la salle omnisports. Un homme et une femme ont fait un malaise avant le début de la présentation.

"Oui quelques uns d'entre vous ne pourront continuer à habiter où ils habitent actuellement, c'est cruel, c'est un arrachement", reconnaît le préfet. Mais "cette cartographie n'a qu'un seul but, protéger la vie".

Le maire Maurice Milcent, "préfère employer le mot déplacement" plutôt que de parler de démolition. "Dans nos sociétés actuelles on ne pardonnera à personne de perdre la mémoire", souligne-t-il.

Pour les indemnisations, les autorités assurent que "priorité serait donnée à une démarche amiable", à travers une offre d'acquisition des maisons vouées à la destruction "au prix du marché avant la tempête", comme l'a dit le préfet de Charente-maritime jeudi.

Les services des domaines procèdent à la liste de ces maisons" qui seront acquises par l'Etat "au prix du marché avant la catastrophe", en cas de désaccord, une autre procédure contentieuse d'expropriation" sera mise en place, selon la même source.