Après un nouveau glissement de terrain mercredi soir à Niteroi, une ville située près de Rio, une cinquantaine de maisons ont été englouties par l'éboulement d'un pan de colline. Quelque 200 personnes seraient ensevelies sous les décombres.
AFP - Environ 200 personnes seraient ensevelies jeudi dans une favela de Niteroi, une ville située près de Rio de Janeiro, selon les pompiers, une nouvelle tragédie après les pluies diluviennes qui ont fait au moins 157 morts depuis lundi dans l'Etat de Rio.
"D'après le témoignage de voisins, quelque 200 personnes seraient ensevelies sous les décombres, mais c'est imprécis, cela peut être plus", a déclaré à l'AFP le chef des pompiers, le colonel Pedro Machado.
Onze corps ont été retirés après le glissement de terrain qui s'est produit à 21H30 locales (00H30 GMT) dans la favela Morro do Bumba, à Niteroi, une ville reliée à Rio par un pont de 15 km au-dessus de la mer, selon la chaîne de télévision d'informations Globo News.
Au moins 157 personnes sont mortes dans l'Etat de Rio à la suite des pluies torrentielles de lundi et mardi qui ont provoqué inondations et éboulements de terrain, a annoncé en début d'après-midi un porte-parole de la Défense civile à l'AFP. Le précédent bilan faisait état de 153 morts.
La ville de Niteroi a été la plus touchée avec 86 morts, et 51 morts ont été recensés à Rio.
A Morro do Bumba, un énorme pan de colline s'est détaché et a dévalé sur 700 mètres, engloutissant tout sur son passage : une cinquantaine de maisons, une crèche, une pizzeria...
Les pompiers ont estimé qu'il y avait peu de chances de retrouver des survivants sous un tel amas de boue.
"Sincèrement, je n'ai plus d'espoir. C'est beaucoup de terre", a dit Sabrina, les yeux remplis de larmes, sans arriver à croire que sa mère Nadia, son grand-père Abilio et son fils Caique de six ans puisssent être retirés en vie sous des tonnes de terre, de décombres et d'ordures.
Sabrina Carvalho de Jesus, 26 ans, doit la vie sauve au fait d'être sortie de chez elle après avoir entendu un grand fracas. Elle n'a eu le temps que d'agripper son fils cadet.
Quelque 150 secouristes - spécialistes de la défense civile, pompiers, soldats de la force nationale - et habitants de la favela ont travaillé sans relâche toute la nuit, à la lumière des projecteurs, pour trouver des survivants. Ils sont aidés par quatre excavatrices qui dégagent les monceaux de terre, mais devaient procéder avec beaucoup de précaution en raison des risques de nouveaux éboulements.
En début de matinée, vingt-cinq personnes avaient été retirées en vie des décombres, dont huit enfants de la crèche.
Selon le secrétaire des services publics de Niteroi, José Mocarzel, la favela du Morro do Bumba, qui a été construite il y a vingt-cinq ans sur une décharge, était particulièrement à risque.
Ce nouveau drame a renforcé la détermination des autorités à faire déplacer des dizaines de milliers d'habitants vivant dans les zones à risque des favelas. "Inévitablement nous devrons démolir des maisons des zones à risque", avait assuré à la veille de la tragédie le maire de Niteroi, Jorge Silveira.
Mais les promesses de relogement sont dans le passé restées lettre morte, alimentant le fatalisme des habitants.
Les autorités "nous promettent toujours la même chose, mais elles n'arrivent qu'après (les drames, ndlr). Ceux qui vivent dans les favelas sont livrés à eux-mêmes", a dit à l'AFP Sebastian Jorge, un électricien de 37 ans.
Les fortes pluies, qui avaient commencé à tomber lundi soir, avaient pratiquement cessé jeudi à Rio et alternaient avec de belles éclaircies.
Les Cariocas ont ainsi retrouvé le chemin des bureaux du centre-ville et les élèves - à l'exception de ceux de Niteroi - celui des écoles, qui étaient restées fermées mardi et mercredi.