
Le patron de la DCRI confirme que ses services ont enquêté pour déterminer si les rumeurs d'infidélité au sein du couple Sarkozy cachaient "une tentative de déstabilisation". Un peu plus tôt, Carla Bruni avait nié l'existence d'une telle initiative.
Contredisant la première dame de France, le patron du contre-espionnage français, Bernard Squarcini, a confirmé qu’une enquête avait bien été menée pour identifier les auteurs de la rumeur qui prête au couple présidentiel des relations extra-conjugales. Les propos de Bernard Squarcini vont à l’encontre de ce qu’a affirmé l’épouse du chef de l’État. Au cours d'un entretien jeudi soir sur Europe 1, Carla Bruni Sarkozy a en effet nié l'existence d'une enquête de police pour débusquer les auteurs de la rumeur.
Cet imbroglio au sommet de l’État fait suite à une contre-offensive de l’Élysée pour tordre le cou à la rumeur. Plusieurs voix s’étaient alors élevées dans l’entourage de Nicolas Sarkozy pour dénoncer un complot et demander que les auteurs de ce bruit soient retrouvés.
"Tentative de déstabilisation"
Dans un entretien au site internet Mediapart, le patron de la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) a reconnu avoir "été saisi courant mars par le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, afin d'essayer de déterminer si les rumeurs visant le couple présidentiel ne cachaient pas une éventuelle tentative de déstabilisation".
Reste à savoir qui a commandité cette enquête. "Rien ne permet d’affirmer que c’est Nicolas Sarkozy qui l’a diligentée", fait remarquer Jean Guisnel, journaliste et auteur de "Services secrets : le pouvoir et les services de renseignement sous la présidence de François Mitterrand". Dans sa déclaration, Bernard Squarcini indique que c’est le chef de la police qui lui a demandé de lancer une investigation. "Une procédure qui paraît d’ailleurs tout à fait normale car la DCRI a une compétence très reconnue dans les enquêtes informatiques", assure Jean Guisnel.
Dans l’entourage du chef de l’État, on nie également que Nicolas Sarkozy ait joué un rôle dans le déclenchement de cette enquête. Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a affirmé jeudi soir sur la chaîne de télévision LCI, que l'Elysée n'avait "à aucun moment demandé à ce qu'il y ait une enquête de police sur ce sujet".
Mitterrand et la cellule de l'Elysée
Si certains doutent de la non-implication de Nicolas Sarkozy dans le lancement de cette enquête, c’est que les services de renseignements ont déjà été sollicités dans le passé par des présidents de la République. "Plusieurs chefs d’État sous la Ve République n’avaient pas hésité à demander aux services de renseignements d’enquêter sur des sujets les concernant", rappelle Jean Guisnel. "Georges Pompidou, président de 1969 à 1974, avait lancé une enquête pour déterminer d’où venaient les rumeurs visant à salir la réputation de son épouse au moment de l’affaire Markovic. Après lui, François Mitterrand avait créé de toutes pièces une structure spéciale, la cellule de l’Élysée, a qui il confiait des missions d’enquêtes."
Des enquêtes secrètes qui avaient été révélées au grand public bien des années après avoir été commanditées. Dans ce qui est désormais appelé l’affaire de "la rumeur", peut-être faudra-t-il aussi attendre des années avant de savoir avec certitude qui a enquêté sur qui.