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Poutine condamne le massacre de Katyn en 1940

Pour la première fois, les Premiers ministres russe et polonais se sont recueillis ensemble à Katyn, symbole du massacre de 22 000 officiers polonais par le régime de Staline. "Un crime ne peut être justifié d'aucune manière", a déclaré Poutine.

AFP - Dans un geste historique longtemps attendu par Varsovie, les Premiers ministres russe Vladimir Poutine et polonais Donald Tusk se sont recueillis mercredi à Katyn (Russie), lieu du massacre il y a 70 ans de milliers d'officiers polonais sur l'ordre de Joseph Staline.

Les deux dirigeants, dont les pays entretiennent des relations délicates, ont également rendu hommage à des milliers de Soviétiques, victimes de la terreur stalinienne, qui reposent aux côtés des officiers polonais dans la forêt de Katyn, près de Smolensk (ouest).

"Un crime ne peut être justifié d'aucune manière. Nous sommes tenus de préserver la mémoire du passé. Nous n'avons pas le pouvoir de changer le passé, mais nous pouvons rétablir la vérité et la justice historiques", a déclaré le dirigeant russe au cours d'une cérémonie officielle à Katyn.

Pendant un demi-siècle, la propagande soviétique a rejeté sur l'Allemagne nazie la responsabilité du massacre des officiers polonais.

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"Un mensonge a été entretenu pendant des décennies, mais on ne doit pas faire endosser ce mensonge par le peuple russe", a insisté M. Poutine, en soulignant "le côté inhumain du totalitarisme", responsable à la fois "d'une mort en martyrs de citoyens soviétiques et d'officiers polonais".

M. Poutine vient pour la première fois à Katyn, il est aussi le premier chef de gouvernement russe à s'y être rendu. Des présidents et Premiers ministres polonais y sont toujours allés à titre semi-privé.

Il n'a toutefois prononcé à aucun moment le mot de pardon, que certains attendaient de lui en Pologne, insistant sur la nécessité d'aller de l'avant dans les relations entre Polonais et Russes.

"Un mot de vérité peut mobiliser nos deux peuples qui cherchent la voie de la réconciliation. Sommes-nous capables de transformer un mensonge en réconciliation? Nous devons y croire", a de son côté déclaré Donald Tusk, tout en estimant que la Russie et la Pologne avaient encore "du chemin à parcourir vers la réconciliation".

Au total, quelque 22.000 officiers polonais, capturés par l'Armée rouge après son invasion de l'Est de la Pologne en vertu du pacte germano-soviétique Ribbentrop-Molotov, ont été sommairement exécutés en avril et mai 1940 par le NKVD, la police politique soviétique.

Ce massacre des élites polonaises, propriétaires terriens, professeurs, avocats et médecins mobilisés en 1939, a été commis dans plusieurs endroits. Mais c'est Katyn, où les Allemands avaient découvert des charniers en avril 1943, qui en est devenu le symbole.

Staline avait aussitôt accusé les nazis d'avoir commis ce crime. Il aura fallu attendre 1990 et le dirigeant Mikhaïl Gorbatchev pour que Moscou reconnaisse enfin sa responsabilité.

"C'est très important pour nous, de mettre un point sur les "i", (de dire) que c'est bien le NKVD qui l'a fait, et non les Allemands", a déclaré à l'AFP une historienne russe, Natalia Lebedeva, présente aux cérémonies de mercredi.

Aujourd'hui encore, la vérité sur Katyn est peu connue des Russes, qui ont longtemps été soumis à la propagande officielle.

"C'est un geste notable de la part de Poutine", a commenté Lech Walesa, chef historique du syndicat Solidarité, venu à Katyn avec des proches des victimes et des personnalités telles que le cinéaste Andrzej Wajda et le premier chef de gouvernement non-communiste à l'Est en 1989, Tadeusz Mazowiecki.

En signe d'ouverture en Russie, le film "Katyn" de Wajda, dont le père a été tué à Katyn, a été diffusé vendredi dernier sur la chaîne de télévision publique russe Koultoura.

Les relations polono-russes sont devenues difficiles depuis le choix résolu de la Pologne, satellite de l'URSS pendant un demi-siècle, de rejoindre le camp occidental avec l'adhésion à l'Otan en 1999 et à l'Union européenne en 2004.