Le général Sékouba Konaté, qui a succédé à Dadis Camara à la tête de la junte au pouvoir en Guinée, effectue une visite privée d'une semaine en France. Un voyage rendu possible par la levée de l'interdiction de visa dans l'UE dont il faisait l'objet.
AFP - Le général Sékouba Konaté, dirigeant par intérim de la Guinée, effectue "du 31 mars au 7 avril une visite privée en France" et verra jeudi le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, a annoncé mercredi le ministère français des Affaires étrangères.
Bernard Kouchner discutera avec Sékouba Konaté du "processus de transition politique en cours en Guinée et (de) l’appui que la communauté internationale y apporte, en vue de l’élection présidentielle fixée au 27 juin", a déclaré à la presse le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.
La venue en France du général Konaté a été rendue possible par une levée lundi à Bruxelles de l'interdiction de visas qui le frappait dans l'Union européenne en vertu de sanctions décidées après un massacre fin septembre à Conakry, selon des diplomates français. Quatre personnes, dont le général Konaté, ont bénéficié de cette levée, a précisé l'un d'entre eux.
Plusieurs ministres guinéens qui devaient accompagner l'officier n'ont pu obtenir de visas à cause des sanctions à leur encontre, selon des sources proches de la présidence guinéenne. Il s'agirait notamment des ministres de la Pêche et de l'Aquaculture, le colonel Korka Diallo, des Transports, Mathurin Bangoura, et des Arts et de la Culture, Fodé Isto Kéira.
Les sanctions contre plusieurs dirigeants ou proches de la junte au pouvoir ont été prises en raison de leur implication présumée dans le massacre de plus de 156 opposants et civils survenu le 28 septembre à Conakry, qualifié de crime contre l'humanité par l'ONU et la Cour pénale internationale (CPI).
La responsabilité dans ce massacre du général Konaté, qui n'était pas à Conakry le 28 septembre, n'a pas été établie par l'ONU.
Lors de son entretien avec le général Konaté, probablement dans un grand hôtel de la capitale, le ministre français "rappellera l’attachement de la France à la mise en oeuvre des recommandations de la commission d’enquête internationale des Nations unies" sur le massacre, "notamment s’agissant du combat contre l’impunité et de la lutte contre les violences sexuelles à l’égard des femmes", a ajouté Bernard Valero.
Il "soulignera également l’importance du processus de réforme du secteur de la sécurité pour une stabilisation à long terme de la Guinée", a-t-il dit.
Homme-clef de la prise du pouvoir par l'armée fin 2008 à Conakry, le général Konaté dirige la Guinée depuis que le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, a été victime d'une tentative d'assassinat en décembre 2009. Il préside la "transition" devant conduire à la première élection présidentielle libre depuis l'indépendance de la Guinée en 1958.