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La police libère une jeune Haïtienne placée en zone d’attente depuis trois jours

Depuis lundi, Watlove Carrie, une Haïtienne de 17 ans, était menacée d’expulsion. Munie d’un passeport d’emprunt, elle avait quitté Port-au-Prince après le séisme du 12 janvier, et fui les agressions sexuelles dont elle était victime.

Une jeune Haïtienne retenue en zone d’attente à l’aéroport d’Orly pour avoir tenté d’entrer sur le territoire français munie d’un passeport d’emprunt a été relâchée, mercredi soir.

"Je suis très content, et soulagé, déclare Wimzon Carrie, le père de la jeune fille joint par téléphone. Elle est fatiguée, mais elle va bien. Ces quelques jours passés [en zone d’attente] ont été difficiles. Elle n’arrivait pas à dormir, elle était stressée de devoir peut-être rentrer en Haïti", poursuit-il, visiblement ému.

Watlove Carrie, 17 ans, s’est retrouvée dans la rue après le tremblement de terre qui, le 12 janvier, a ravagé Port-au-Prince. Comme des centaines de milliers d’Haïtiens, elle a survécu avec un drap pour seul toit. Un bien faible rempart contre la pluie et les agressions… Le mois dernier, la jeune fille a subi plusieurs sévices sexuels. Ses parents, réfugiés en France depuis une dizaine d’années, ont donc décidé de la faire venir "coûte que coûte".

À son arrivée à Orly lundi matin, Watlove a été arrêtée par la police des frontières. Placée en zone d’attente et menacée d’expulsion, elle est finalement parvenue à déposer une demande d’asile afin d’obtenir quelques jours de répit. Jeudi, elle devait rencontrer le juge des libertés et de la détention pour tenter d’obtenir le droit d’entrer sur le territoire français. L’audience prévue à Créteil ce jeudi dans la matinée n’a finalement pas été nécessaire.

Libération inopinée

"À 21 heures, j’ai reçu un coup de téléphone de la police des frontière, raconte Sylvain Saligari, l’avocat des parents de l’adolescente manifestement surpris par cette libération inopinée. La police a finalement décidé de la laisser sortir, sans motiver sa décision. Elle l’a remise mercredi soir à ses parents, sans chercher à obtenir de nouvelles garanties sur leurs liens avec Watlove."

Lundi, après le placement de la jeune femme en zone d’attente, ses parents, Wimzon et Betty, s’étaient précipités à l’aéroport, un acte de naissance à la main, pour essayer de faire sortir leur fille. En vain. Aux yeux des autorités, le document qu’ils avaient apporté ne constituait pas une garantie suffisante pour prouver la filiation. La police avait même placé Betty, la mère encore sans papiers, en garde à vue pendant près de 24 heures...

"C’est regrettable que les autorités aient mis trois jours pour libérer Watlove. La zone d’attente est réputée pour être très difficile à vivre, surtout pour une très jeune femme seule, critique l’avocat de la famille. Les autorités auraient dû la relâcher tout de suite, quitte à la placer dans un foyer pour mineurs le temps de prouver sa filiation avec ses parents."

Pour l’heure, Watlove a enfin rejoint l’appartement familial. Elle est désormais protégée par la note du ministre de l’Immigration qui, au lendemain du séisme, avait ordonné la "suspension immédiate de toutes les procédures de reconduite dans leur pays d’origine des ressortissants haïtiens en situation irrégulière sur le territoire national."

L’adolescente n’est pas encore en situation régulière. Elle a cependant de grandes chances d’obtenir des papiers, son père ayant récemment reçu un titre de séjour.