
La conférence internationale des donateurs pour Haïti se réunit ce mercredi au siège de l'ONU. Les États-Unis ont promis 1,15 milliard de dollars pour la reconstruction du pays sur le long terme. La Banque mondiale s'engage à verser 250 millions.
Une centaine de pays et organismes internationaux se réunissent, mercredi, au siège de l’ONU, à New York, lors d’une conférence internationale de donateurs pour Haïti, où le tremblement de terre du 12 janvier dernier a fait au moins 220 000 morts.
Les principaux bailleurs de fonds se voient demander quelque 3,8 milliards de dollars, pour une période de 18 mois environ, afin de financer le programme de reconstruction.
Les États-Unis s'engagent à verser 1,15 milliard de dollars pour aider le pays à "renforcer l'agriculture, l'énergie, la santé, la sécurité et la gouvernance". Le président américain avait déjà promis 2,8 milliards de dollars pour pallier aux besoins les plus "urgents".
L'Union européenne promet de son côté une enveloppe de 1,235 millard d'euros.
La Banque mondiale a annoncé un montant de 250 millions de dollars pour aider à la reconstruction d'Haïti, ainsi que l'annulation une dette de 39 millions de dollars qu'avait contractée le pays auprès de l'institution financière. En tenant compte des promesses précédentes, la Banque aura fait un effort financier de l'ordre de 479 millions de dollars d'ici juin 2011.
Au total, la conférence des Nations unies a permis de rassembler la somme de 5,3 milliards de dollars au profit d'Haïti.
Dirigée par le chef de l'Etat haïtien, René Préval, la conférence réunit également le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton.
Assainir les finances de l’Etat haïtien
Pour ses organisateurs, la réunion est cruciale pour aider le pays, le plus pauvre du continent américain, à "se reconstruire en mieux" et prendre un nouveau départ. "Je suis convaincu que la communauté internationale fera un effort fondamental pour sortir Haïti de son cercle vicieux, assure Edmond Mulet, dirigeant par intérim de l’ONU en Haïti, dans un entretien exclusif à FRANCE 24. L’argent sera là, l’engagement aussi."
L’ONU, qui appelle au renforcement et à l’assainissement de l’Etat haïtien, affaibli par des années de corruption, assure que les institutions et le gouvernement haïtiens seront étroitement associés au processus de reconstruction.
"On a toujours cherché des excuses pour ne pas travailler avec le gouvernement haïtien, parce qu’il était trop corrompu, inefficace, faible, poursuit Edmond Mulet. Nous, la communauté internationale, sommes co-responsables du fait de la faiblesse de l’Etat haïtien. Mais aujourd’hui, nous lui demandons de rendre des comptes à son peuple, de diriger la reconstruction, bref, d’être là."
Garante de la bonne affectation des fonds et de la transparence des comptes, une agence de la reconstruction, co-dirigée par la communauté internationale et le gouvernement haïtien, sera mise en place pendant 18 mois, précise Edmond Mulet.
Priorité au logement
Près de 1,5 million d’Haïtiens sont toujours sans abri ou hébergés dans des logements précaires, alors que la saison des pluies et ouragans approche dangereusement.
"Nous avons trois priorités : des toits, des toits et des toits, rappelle ainsi Edmond Mulet. Dans un premier temps, l’ONU a fourni des abris de fortune en plastique, des tentes, des camps. Mais nous avons besoin de construire des structures plus solides et des toits pour les Haïtiens."
Ce sont ensuite l’aide alimentaire, l’éducation, l’agriculture et la coordination des camps de déplacés, qui devront être financés. Médecins sans frontières (MSF) réclame également la garantie d’un système de santé efficace, tandis que le Comité catholique contre la faim et pour le développement demande la mise en place d'un véritable "plan Marshall".
Pour faire face à l’ampleur de la tâche et remettre le pays sur les rails dans les dix ans à venir, environ 11 milliards de dollars seront nécessaires.
La "perle des Caraïbes" est épuisée par 30 ans de stagnation. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant a plongé de 40 % de 1985 à 2007, d'après la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), poussant 30 % des Haïtiens à émigrer.