Dans un entretien au "Journal du Dimanche", le Premier ministre exprime son refus de solliciter la confiance du Parlement, ce que réclamaient plusieurs personnalités de la majorité au lendemain de la cuisante défaite au régionales.
AFP - François Fillon n'entend pas "changer de cap" sur les réformes lancées depuis 2007 ni engager la responsabilité de son gouvernement devant le Parlement, contrairement à ce qu'une partie de son camp lui a réclamé au lendemain du lourd échec aux régionales.
Plusieurs personnalités de la majorité, dont l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, ont demandé au Premier ministre de prononcer un discours de politique générale et de solliciter la confiance du Parlement.
Dans une interview au Journal du Dimanche, François Fillon oppose une fin de non-recevoir: "Il n'y a pas de raison de le faire".
"Il n'y a pas de nouveau contrat avec le peuple, ni de changement de cap politique, ni de doute sur le soutien de la majorité", ajoute-t-il, renvoyant aussi dans ses cordes Jean-François Copé, le chef de file des députés UMP, qui prône l'idée d'un "nouveau pacte majoritaire".
Le chef du gouvernement voit dans le séminaire avec les parlementaires auquel il participera lundi un simple "débat dans le cadre des engagements du mandat présidentiel, qui s'achève en 2012 et pas avant". "Telle est la règle de la Ve République", tranche-t-il.
Dans la droite ligne des déclarations faites mercredi par Nicolas Sarkozy, M. Fillon réaffirme que la "politique engagée depuis trois ans" ne sera en rien modifiée, "au risque de rater le train de la croissance qui repart".
Ainsi, "la réduction des effectifs de fonctionnaires" sera poursuivie même si le Premier ministre n'évoque pas, comme il le fait d'habitude, la sacro-sainte règle du non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux.
Fidèle à son credo de résorption des déficits, il répète que "le gel des dépenses de l'Etat" sera reconduit dans le budget 2011, balayant toute divergence de vue sur ce point avec Nicolas Sarkozy.
Le bouclier fiscal de 2007, dont la gauche réclame l'abrogation et qui est aussi remis en cause par certains à droite, comme Dominique de Villepin, sera maintenu.
La réforme territoriale, qui ne pas fait pas non plus consensus à droite et contre laquelle l'opposition entend ferrailler, sera aussi menée à son terme, assure François Fillon, concédant toutefois être "ouvert" sur le mode de scrutin pour l'élection des futurs conseillers territoriaux, comme il l'avait déjà dit.
Outre la réforme des retraites, il cite parmi ses autres "priorités" l'"amplification des mesures pour la sortie de crise et le recul du chômage", "la sécurité, évidemment", "la santé" et les réponses à apporter au malaise du monde agricole.
Démentant une nouvelle fois un regain de tension avec Nicolas Sarkozy, il l'assure de sa totale "loyauté", même s'il devait quitter Matignon dans les six mois, hypothèse qui prend de l'ampleur et qu'il ne dément pas.
"Il ne peut pas y avoir de rivalité entre le président et son Premier ministre parce qu'il en va de la cohérence du gouvernement de la France et donc de l'intérêt national", justifie-t-il.
Il le désigne même comme "le candidat naturel de la majorité" pour la présidentielle de 2012.
Cette perspective fait désormais débat à droite après la déroute des régionales et la chute régulière du chef de l'Etat dans les sondages, contrastant avec la popularité constante de son Premier ministre.
Enfin, après Nicolas Sarkozy, François Fillon fait à son tour acte d'autorité envers sa secrétaire à l'Ecologie, Chantal Jouanno, qui a "eu tort", juge-t-il, de se dire "désespérée" du report de la taxe carbone.