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Début du retrait des troupes éthiopiennes

Les troupes éthiopiennes ont entamé leur plan de retrait de Somalie, où sévit une véritable guérilla. Depuis 2006, Addis-Abeba soutient militairement le gouvernement de transition somalien dans sa lutte contre l'insurrection islamiste.

AFP - L'Ethiopie, qui intervient militairement en Somalie depuis fin 2006, a entamé son plan de retrait final de ses troupes du territoire somalien, laissant la force de paix de l'Union africaine en première ligne face à une insurrection islamiste qui ne cesse de gagner du terrain.

"Nous avons déjà commencé à exécuter notre plan de retrait. Cela va prendre encore plusieurs jours. C'est un processus qui va prendre du temps", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, Bereket Simon.

L'armée éthiopienne était intervenue officiellement fin 2006 pour soutenir le gouvernement somalien de transition, et a mis en déroute début 2007 les forces des tribunaux islamiques qui avaient contrôlé pendant quelques mois l'essentiel du centre et du sud de la Somalie.

L'Ethiopie, en majorité orthodoxe, avait justifié cette intervention en arguant que les tribunaux islamiques menaçait sa sécurité.

Mais Addis Abeba est désormais soucieuse de s'extraire du bourbier somalien et a annoncé fin novembre le retrait, déjà largement entamé, de ses troupes à la fin 2008.

"L'exécution du plan de retrait est en cours; quand nous évoquions la fin de l'année (2008), nous voulions dire que le retrait serait commencé" d'ici la fin 2008, a-t-il précisé.

"Nous voulions avoir des consultations avec l'Union africaine (UA) et les pays contributeurs (de troupes à la force de paix de l'UA - Amisom) au sujet de notre retrait", a indiqué M. Bereket, évoquant une réunion discrète à ce sujet jeudi à Addis Abeba.

Depuis début 2007, Mogadiscio et un nombre croissant de régions somaliennes sont le théâtre d'une guérilla acharnée - visant en particulier les forces somaliennes, éthiopiennes et l'Amisom - dirigée par les combattants extrémistes islamistes des "shebab" (aile militaire des tribunaux).

Ainsi, vendredi matin, deux soldats éthiopiens et sept civils somaliens ont été tués dans de nouvelles violences à Mogadiscio, ont rapporté la police et des témoins.

Ce retrait éthiopien fait planer encore plus d'incertitudes sur la sécurité dans ce pays pauvre de la Corne de l'Afrique, en guerre civile depuis 1991.

L'Amisom, déployée depuis mars 2007 essentiellement à Mogadiscio et dont le mandat qui expirait fin décembre a été prolongé de deux mois à partir du 16 janvier, va donc se retrouver seule sur le terrain.

Mal équipée et sous-financée, l'Amisom est forte de seulement 3.400 soldats burundais et ougandais, alors que son mandat initial prévoyait un contingent total de 8.000 hommes.

Trois autres bataillons (environ 800 hommes chacun) ont été promis par le Burundi, l'Ouganda et le Nigeria mais on ignore encore la date de leur déploiement.

Fin décembre, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, avait concédé que "l'idée d'un retrait (de l'Amisom) de Somalie (avait) été évoquée pour être (finalement) repoussée".

"C'est bel et bien l'Amisom qui aujourd'hui représente la communauté internationale sur le terrain", avait-il ajouté, affirmant avoir reçu des "assurances de l'ONU" sur un soutien logistique important et la possibilité à terme de transformer l'Amisom en force de maintien de la paix onusienne.

Autre source d'inquiétude: ce retrait éthiopien intervient alors que le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a démissionné de son poste le 29 décembre pour avoir échoué à ramener la paix et la stabilité dans son pays. Le Parlement somalien a un mois pour élire un nouveau président.