La Libye a relâché 214 détenus islamistes, dont les dirigeants d'un mouvement autrefois lié à Al-Qaïda. Ces libérations ont été décidées dans le cadre du programme de réconciliation entre le pouvoir et les activistes islamistes.
REUTERS - La Libye a relâché les dirigeants du Groupe de combat islamique libyen (GCIL), un mouvement qui a entretenu des liens avec al Qaïda mais a renoncé cette année à l'extrémisme, a annoncé mardi un fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.
Saïf al Islam, entouré de trois dirigeants du groupe, a annoncé lors d'une conférence de presse à Tripoli la libération immédiate de 214 détenus liés à des mouvements islamistes.
Ces libérations constituent un jalon dans le programme libyen de réconciliation avec les activistes qui ont tué des dizaines de soldats et de policiers dans les années 1990.
"Aujourd'hui est un jour très important dans l'histoire libyenne car nous allons proclamer le jour où nous avons mis fin aux problèmes entre Libyens et où tous peuvent se serrer la main", a déclaré Saïf, chef de file du camp réformiste.
Abdelhakim Belhadj, émir du GCIL, se tenait à ses côtés entouré de ses adjoints, Sami Assaadi et Khaled Acherif.
La réconciliation avec les activistes est devenue un sujet de discorde entre les réformistes et la vieille garde conservatrice.
Prenant apparemment le contrepied de la position de son fils, Mouammar Kadhafi a dit en janvier que quelque 300 activistes devraient être maintenus indéfiniment en prison.
CONSERVATEURS CONTRE REFORMISTES
Certains analystes voient dans la crise entre la Libye et la Suisse, dans laquelle ont été entraînés des pays européens et les Etats-Unis, le signe que les conservateurs ont marqué des points contre les réformistes.
Saïf a déclaré lors de la conférence de presse qu'une fois qu'il aurait atteint son objectif de libérer tous les détenus liés à des groupes d'activistes, la prison d'Abou Salim, où plus de 1.000 prisonniers ont été abattus en juin 1996, serait ouverte au public.
Le massacre d'Abou Salim reste un sujet très sensible en Libye, même s'il est considéré par certains comme un symbole des erreurs passées dont il faudrait parler ouvertement.
Saïf, qui a participé activement aux négociations qui ont permis à la Libye de sortir de son isolement sur la scène internationale, a noté que certains des 214 détenus avaient été maintenus en prison après leur acquittement par les tribunaux ou après avoir fini de purger leur peine.
Au total, 705 prisonniers liés à l'activisme islamiste, dont les 214 détenus relâchés mardi, ont maintenant été libérés depuis le début du programme de réconciliation, a noté Saïf.
Il a assuré que les 409 détenus encore en prison finiraient par être relâchés et que 232 le seraient dans un proche avenir.
Le GCIL, dont certains membres ont côtoyé Oussama ben Laden au Soudan et en Afghanistan, a tenté de renverser Mouammar Kadhafi dans les années 1990. Leur rébellion a été progressivement écrasée et des centaines de membres ont été emprisonnés.
De leur cellule, les dirigeants du groupe ont publié l'an dernier un livre de 400 pages invitant à renoncer à la violence et à rechercher la paix en s'inspirant du Coran.