Hank Skinner, un Texan de 47 ans accusé d'un triple homicide en 1993, doit être exécuté mercredi. Depuis des années, sa femme - française - et lui se battent pour que soient pratiqués des tests ADN qui démontreraient son innocence. En vain.
AFP - Le sort du condamné à mort Hank Skinner est entre les mains de la Cour suprême et du gouverneur du Texas, les derniers susceptibles de suspendre son exécution mercredi au Texas, afin qu'il pratique enfin les tests ADN qu'on lui a toujours refusé, pour prouver son innocence.
Henry "Hank" Skinner, 47 ans, a été condamné à la peine capitale pour les meurtres le soir du Nouvel An 1993 de sa compagne, battue à mort, et des deux fils de celle-ci, poignardés.
Parce qu'un jury l'a déclaré coupable en 1995, l'Etat du Texas (sud) qui détient tous les records en matière d'exécutions aux Etats-Unis, refuse de pratiquer les tests ADN qu'il réclame.
Lundi, le comité des grâces texan a unanimement refusé de lui donner un délai supplémentaire, laissant la Cour suprême des Etats-Unis, saisie en février, et le gouverneur du Texas Dick Perry, peu connu pour sa mansuétude, seuls arbitres de son sort.
"Je ne peux penser à aucune raison valable de refuser des tests ADN dans une affaire où il existe d'autres preuves solides d'innocence", a déclaré à l'AFP Rob Owen, avocat de Hank Skinner. "Si j'étais procureur, je ne mettrais pas quelqu'un à mort avant d'être absolument sûr or, les tests ADN nous permettraient d'être sûr".
Il a affirmé que son client était "optimiste et confiant", un peu plus de vingt-quatre heures avant son exécution.
Hank Skinner, aujourd'hui marié à une Française militante anti peine de mort, clame son innocence depuis le premier jour et il a obtenu depuis dix ans le soutien de David Protess, un professeur de journalisme à la Northwestern University qui a refait l'enquête avec ses élèves.
Selon lui, des tests comparant son ADN à celui retrouvé sur les victimes le disculperaient à coup sûr.
Lors du procès de M. Skinner, l'accusation avait présenté des tests ADN partiels, attestant de la présence de l'accusé sur les lieux du crime, c'est-à-dire chez lui. Celui-ci assurait de son côté que les meurtres avaient été perpétrés par un tiers puisqu'il était évanoui au moment des faits.
La présence d'anxiolitiques, d'anti-douleurs et d'alcool dans son organisme avaient été confirmées par une prise de sang réalisée après le drame.
"Pas d'aveux, pas de témoin visuel des meurtres, pas de mobile apparent, pas de tendances violentes chez M. Skinner", a expliqué M. Protess dans une lettre au Comité des grâces.
Il a en revanche désigné un oncle de sa compagne, au passé violent, qui avait harcelé sa nièce durant la fête de réveillon où elle s'était du coup rendue seule, laissant son compagnon endormi. Cet oncle "n'a jamais été interrogé".
Cette affaire intervient alors que la Cour suprême a refusé l'année dernière d'obliger les Etats américains réticents à pratiquer des tests ADN après procès.
Dans une décision, elle assurait: "les tests ADN ne suffisent pas toujours à résoudre seuls un crime. Là où il y a suffisamment d'autres preuves à charge (...), la science seule ne peut pas prouver qu'un prisonnier est innocent".
Mais pour M. Owen, les deux affaires sont très différentes sur la forme.
En revanche, il a cité le cas de Todd Willingham, un jeune homme exécuté par le Texas en 2004 alors que de fortes présomptions étaient apparues quelques temps avant la date de l'injection mortelle. En septembre, des experts ont révélé qu'il s'agissait probablement d'une erreur judiciaire.
"Nous espérons que l'affaire Willingham encouragera les autorités texanes à être plus prudentes", dit M. Owen.
Dix-sept condamnés sont sortis des couloirs de la mort américains grâce aux tests ADN ces dernières années.