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Hooligan repenti, Thierry D. témoigne

Ex-hooligan marseillais, Thierry D. raconte la violence de certains groupes de supporters ultra-violents, qu'il qualifie de "cancer du football". À la suite de la mort de Yann L., un supporter du PSG tué par des fans du même club, il craint le pire.

Dans un ouvrage intitulé "Confession d’un hooligan", Thierry D., un ancien hooligan marseillais, raconte la violence de certains groupes de supporters ultras, à l’instar de ceux qu'on peut trouver dans les tribunes "Boulogne" et "Auteuil" du Parc-des-Princes, à Paris. À la suite de la mort du supporter du PSG Yann L., qui avait été grièvement blessé le 28 février lors d'un affrontement entre supporters parisiens rivaux en marge du match PSG-OM, il craint que la situation n'empire.

France24.com : Comment avez-vous réussi à sortir du hooliganisme ?

Thierry D. : J’ai suivi une thérapie dans une maison de repos. Pendant six mois, j’ai travaillé pour sortir de mon état dépressif et quitter ce monde de violence. Ensuite, j’ai repris mes études, que j’avais arrêtées très tôt. J’ai décroché un BEP ventes et repris une vie normale, après m'être coupé du monde durant seize ans.

Comment vos anciens "amis" l’ont-ils pris ?

Ils l’ont mal pris dès lors que j’ai décidé de parler, de témoigner. Mes propos ont pris de l’ampleur et je suis devenu leur ennemi parce qu’ils n’aiment pas qu’on parle d’eux. Mon ancien chef a déclaré vouloir me punir. Mais c’est un lâche qui nous laissait nous battre pendant qu’il se cachait derrière et, qui plus est, touchait 1 500 euros…

Il était payé par l’OM ?

Oui, et il est toujours là. C’est lui qui a fait dérouler la bannière "Julien, trois ans sans toi. Trois ans qu’on est bien" [allusion à Julien Quemener, un supporter parisien de confession juive décédé en marge d'un match de coupe de l'UEFA entre le PSG et l'Hapoël Tel-Aviv, le 23 novembre 2006, NDLR]. Ça m’avait fait mal, mais maintenant je m’en fous.

Comment êtes-vous tombé dans le hooliganisme ?

J’ai quitté l’école tôt, j’étais naïf et il y avait beaucoup de fachos dans mon village. Un jour, je suis allé voir un match de l’OM et j’ai goûté à la violence. Pour moi, elle était devenue une drogue. J’y pensais tout le temps.

Le huis clos imposé au PSG pour ses prochains matchs est-il une solution pour en finir avec le hooliganisme ?

Non, mais après la mort de Yann L., je suis prêt à prendre la défense des supporters de la tribune "Boulogne". Les gars d’"Auteuil" ont sauté sur la victime à plusieurs, alors que les vrais hooligans se battent à la loyale. Il y aura vengeance, c’est sûr. Je suis en contact avec des gens de "Boulogne" sur des forums, mais il ne s’y passe rien en ce moment. Ça sent mauvais. Il y a beaucoup trop de haine entre eux.

Le football est-il condamné à vivre avec le hooliganisme ?

Le hooliganisme, c’est le cancer du football. Il y en aura toujours, même en Angleterre où l’on prétend avoir réglé le problème. Les hooligans anglais ne se trouvent plus dans les stades mais dans les pubs. En France, en ce moment, des groupes sont en sommeil. Comme les médias en parlent, ils se tiennent à carreau.

"Thierry D. Confession d'un hooligan", de David Justet (éditions L'Harmattan - 2007)