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Une femme reconnue coupable de six infanticides condamnée à 15 ans de prison

Accusée d'avoir tué six de ses enfants à leur naissance entre 2000 et 2007, Céline Lepage a été condamnée à 15 ans de prison pour "meurtres aggravés" par la cour d'assises de la Manche (ouest de la France).

AFP - Céline Lesage, mère de famille de 38 ans, a été condamnée jeudi par la cour d'assises de la Manche à 15 ans de réclusion criminelle, dans ce qui ressort comme l'une des plus graves affaires d'infanticide de ces trente dernières années.

Cette femme "réservée", "introvertie" et apparemment sans histoire, était accusée d'avoir étouffé ou étranglé six de ses nouveau-nés entre 2000 et 2007 à Valognes (Manche).

La cour d'assises a assorti cette condamnation d'un suivi socio-judiciaire d'une durée de dix ans, avec une peine de cinq ans supplémentaires en cas de non-respect, au terme de trois heures et demie de délibérations.

A l'énoncé du verdict, Céline Lesage, traits tirés, est restée impassible.

Le ministère public avait requis 16 ans de réclusion, assortie de huit ans de sûreté contre cette femme qui comparaissait pour "meurtres aggravés".

"Le ministère public a fait une proposition de peine qui lui paraissait la plus juste, la cour a répondu", a estimé l'avocat général Eric Bouillard au sortir de l'audience.

"Pour Céline Lesage, il s'agit d'une peine compréhensive, elle pense que la justice a été correctement appliquée", a indiqué pour sa part son avocate, Me Véronique Carré.

Céline Lesage, petite brune menue, mère d'un garçon de 13 ans, encourait la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir à six reprises donné la mort aux bébés qu'elle mettait au monde à l'insu de ses proches, après avoir dissimulé ses grossesses.

Ces crimes avaient été découverts le 17 octobre 2007 quand son ex-compagnon Luc Margueritte, père du sixième bébé tué, avait découvert les corps en décomposition des nouveau-nés, entreposés dans des sacs poubelle dans la cave de leur domicile de Valognes (Manche).

Ce dernier, partie civile au procès, a estimé lui aussi, que la peine paraissait "longue". "Mais elle est juste, je l'accepte et je pense qu'elle l'accepte aussi", a-t-il ajouté.

Tout au long du procès qui a duré quatre jours, Céline Lesage a échoué à "comprendre et se faire comprendre", comme elle avait dit l'espérer le premier jour. "J'ai conscience que j'ai tué mes bébés (...), mais c'est trop dur. Je me fais tellement horreur que je me voile la face", a-t-elle répété jeudi matin.

"Elle est coupable, elle vous l'a toujours dit", avait souligné Me Véronique Carré en entamant sa plaidoirie.

Mais le fait que les enfants étaient vivants au moment où elle est passée à l'acte ne repose que sur ses propres aveux, "il n'y a rien dans le dossier" qui le prouve, notait-elle. Pour l'avocate, on est donc loin de l'"être froid, manipulateur" dépeint par le parquet au cours du procès.

L'avocat de l'association Enfance et partage, autre partie civile au procès, a estimé la peine "lourde", mais "adaptée à la gravité des faits".

"Vous avez commis des actes monstrueux, mais vous n'êtes pas un monstre", avait lancé Me Rodolphe Costantino à l'accusée durant sa plaidoirie, avant d'ajouter "vous n'êtes pas seule".

Le premier ex-compagnon de Céline Lesage, Pascal Catherine, avec qui elle a vécu 14 ans et eu un enfant en 1996 au terme d'une grossesse dissimulée, n'a, lui, pas assisté au verdict. Ce père des cinq premiers bébés tués avait été entendu comme simple témoin mardi par la cour.

Les parties ont dix jours pour faire appel, ce qu'aucune d'entre elles n'a dit avoir l'intention de faire.