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L'Eurogroupe a bouclé son plan d'aide à la Grèce

Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, annonce qu'un accord a été trouvé concernant les modalités d'un dispositif d'assistance financière à la Grèce. Toutefois, Athènes n'a pour le moment pas sollicité l'aide de Bruxelles.

AFP - Les ministres des Finances de la zone euro se sont mis d'accord lundi soir sur les grandes lignes d'un plan d'aide financier à utiliser si nécessaire pour la Grèce, qui serait sans précédent depuis le lancement de la monnaie commune en 1999.

Toutefois, dans l'immédiat, ils ont jugé qu'il n'était pas à l'ordre du jour.

"Nous avons clarifié les modalités techniques qui nous permettront de prendre une action coordonnée" pour aider la Grèce, a annoncé le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une réunion de ce forum des grands argentiers à Bruxelles.

Ce plan d'action doit encore être faire l'objet d'une approbation par les chefs d'Etat et

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De nouvelles manifestations attendues à Athènes
L'Eurogroupe a bouclé son plan d'aide à la Grèce

de gouvernement européens, et donc de la chancelière allemande Angela Merkel qui s'est montrée très réticente jusqu'ici à l'idée même de sortir son chéquier.

Il "pourra être activé rapidement si une telle nécessité devait se présenter", a assuré M. Juncker à la presse. A ce stade néanmoins "les autorités grecques n'ont pas demandé une aide financière" et "nous pensons que la question ne se posera pas", a-t-il précisé.

"Ca n'est pas un mécanisme qui est nécessaire aujourd'hui", a renchéri la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, en parlant plutôt d'un "travail d'anticipation".

Tous ont salué à nouveau les mesures d'austérité prises par le gouvernement grec, qui ont poussé des dizaines de milliers de Grecs dans la rue pour protester.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a estimé que le pays était désormais "en bonne voie" pour atteindre son objectif de réduire cette année de quatre point de pourcentage son déficit public, par rapport aux 12,7% du PIB de l'an dernier.

Les ministres se sont montrés avares en détails sur le plan d'aide, qui selon des sources européennes pourrait porter sur 20 à 25 milliards d'euros.

M. Juncker a parlé d'"aides bilatérales" d'autres pays de la zone euro sous forme de prêts à la Grèce, avec néanmoins des taux d'intérêts élevés pour ne pas faire de cadeau au pays et "l'inciter fortement" à retourner au plus vite vers les marchés pour trouver de l'argent.

En revanche, l'idée de "garanties" apportées par les Etats européens sur des emprunts réalisés par la Commission européenne a été écartée. Ce mécanisme aurait pu poser des problèmes constitutionnels à certains pays.

Plombée par une dette de 300 milliards d'euros, la Grèce doit emprunter cette année quelque 54 milliards d'euros pour se refinancer, dont environ 20 milliards d'ici à mai.

Or, l'annonce d'un déficit 2009 beaucoup plus important que prévu dans le pays à la suite d'un changement de gouvernement a provoqué une crise de défiance des marchés à l'égard de ce pays.

Les discussions entre pays de la zone euro pour parvenir à l'accord de principe de lundi soir ont été difficiles ces dernières semaines.

Plusieurs pays, Allemagne en tête, sont depuis le début très réticents à l'idée de devoir verser au pot pour la Grèce.

La réunion de l'Eurogroupe s'est tenue de surcroît sur fond de tensions franco-allemandes autour des priorités économiques de la zone euro.

Paris s'agace de l'insistance de Berlin à vouloir surtout durcir la discipline budgétaire de pays membres, en allant jusqu'à l'exclusion des mauvais élèves. Christine Lagarde a critiqué de front l'orientation de l'économie allemande, dans une interview lundi au Financial Times.

Celle-ci repose trop à ses yeux sur les excédents commerciaux et la modération salariale pour les dégager. Et pas assez sur la demande interne, ce qui constitue selon elle élément de déséquilibre pour l'ensemble de la zone euro.