Le refuge de Rawalpindi, au Pakistan, accueille les femmes victimes de violences conjugales. Elles sont des dizaines à y trouver refuge chaque mois dans un pays où une femme sur deux serait maltraitée par son époux.
Pour Fazia, impossible d'évoquer le passé sans être rattrapée par ses démons. Il y a quelques mois, cette adolescente a été violée par un membre de sa famille. Dans ce groupe de parole, elle accepte de se livrer. "Avant j'étais forte, mais ce que m'a fait mon cousin m'a complètement détruite à l'intérieur", confie-t-elle.
Dans la banlieue d'Islamabad, l'association des femmes progressistes accueille chaque mois des dizaines de victimes comme Fazia. Un havre de sécurité pour des femmes qui ont fui un foyer violent. "Ma belle-famille me frappait souvent, raconte une femme. J'étais enfermée chez moi et ils ne me donnaient pas assez à manger. Un jour, mon bébé est mort et mon mari m'a jetée à la rue."
A la tête de l'association, c'est une femme qui se bat pour la défense de ses semblables. Le docteur Shahnaz Bokhari propose une assistance juridique aux victimes pour que les coupables puissent être poursuivis et condamnés. Elle tente aussi de faire évoluer les mentalités. Patiemment, elle explique qu'il est nécessaire de parler des problèmes de violences conjugales et que frapper sa femme n'est pas tolérable.
"Dans notre pays, les femmes sont toujours considérées comme des citoyens de seconde classe. Je dis aux femmes qui viennent trouver refuge chez nous que nous n'allons pas leur donner des droits sur un plateau. Elles doivent se battre pour cela!"
Le chemin vers l'émancipation s'annonce encore très long. Au Pakistan, plus d'une femme sur deux serait victime de violences domestiques.