
Près de 20 000 personnes ont défilé à Athènes pour protester contre les mesures d'austérité prises par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire du pays. Transports et services publics ont été largement paralysés.
REUTERS - Une grève générale a paralysé les transports et services publics mercredi en Grèce, où des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Athènes pour protester contre un plan d'austérité visant à lutter contre l'endettement du pays.
Brandissant des banderoles où l'on pouvait lire "Les marchés doivent payer pour la crise", quelque 20.000 protestataires ont marché sur le Parlement en dénonçant le plan du gouvernement socialiste, caractérisé par un gel des salaires, des hausses
d'impôts et un relèvement de l'âge de la retraite.
La grève de 24 heures a immobilisé les avions, les trains et les ferries dans tout le pays et fermé les écoles, les ministères et les sites touristiques, sans toutefois paralyser totalement le pays.
Le mouvement de protestation ne devrait toutefois pas empêcher le gouvernement de poursuivre les mesures dont il a décidé.
"La grève n'aura pas d'impact majeur sur les projets de sortie de crise du gouvernement. Selon les sondages, la plupart des Grecs se rendent compte de la gravité de la situation et comprennent que des mesures douloureuses sont nécessaires", a estimé Theodore Couloumbis, directeur adjoint du think tank athénien ELIAMEP.
En marge de la marche, la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre une cinquantaine de jeunes manifestants qui partaient à l'assaut d'un bâtiment universitaire de la capitale, a rapporté un responsable des forces de l'ordre. "Aujourd'hui, les yeux de l'Europe sont tournés vers nous, aujourd'hui nous manifestons pour l'espoir et l'avenir (...) pour faire annuler ces mesures", a déclaré à la foule Yannis Panagopoulos, qui dirige le syndicat du secteur privé GSEE.
Il s'agit de la première grève décrétée conjointement par des syndicats du public et du privé représentant la moitié de la population active depuis que les socialistes ont remporté les élections d'octobre dernier.
La plupart des magasins étaient ouverts dans la capitale, où l'on signalait quelques banques fermées et une circulation un peu moins dense que d'ordinaire. L'activité de la Bourse d'Athènes était normale.
Aux arrêts d'autobus, des usagers se plaignaient de la perturbation des transports publics. Tous les vols au départ et à destination de la Grèce étaient bloqués, à l'exception des vols d'urgence, et il en était de même des services de ferries. Les monuments de l'Acropole étaient fermés aux visiteurs.
"Pressions de Bruxelles"
"Je fais grève contre les réductions de salaire (...) parce que l'argent a été volé par d'autres et que c'est nous qui allons payer", déclarait Michalis Koroleos, fonctionnaire de 36 ans. "On réduit mes allocations et j'ai deux enfants à élever."
Les Grecs sont enclins à descendre dans la rue pour des manifestations susceptibles de tourner à la violence, mais l'opposition aux mesures d'austérité est restée très symbolique jusqu'ici. D'après les sondages, la plupart des Grecs sont prêts à accorder un certain délai au gouvernement.
Dans le centre d'Athènes, certains disaient ne voir aucune raison de débrayer.
"Je ne veux pas participer à cette grève", indiquait Dimitris Makrivellios, propriétaire de station-service âgé de 62 ans. "Les gens ne sont-ils pas responsables de cette situation ? Les problèmes de notre économie nous concernent tous. Pourquoi devrait-on faire grève ?"
La détérioration des finances publiques grecques a secoué les marchés et inquiété les partenaires européens d'Athènes.
Le mouvement de grève coïncide avec une visite de responsables de l'Union européenne venus déterminer si Athènes a pris les bonnes mesures pour réduire son déficit budgétaire, supérieur à 10% du produit intérieur brut (PIB).
"Cette équipe d'inspecteurs de la Commission, de la BCE et du FMI (...) aura un aperçu de la réaction dynamique des travailleurs grecs aux énormes pressions de Bruxelles", écrit le journal de centre gauche Eleftherotypia dans un éditorial.
Le gouvernement a jusqu'ici refusé de céder aux revendications des manifestants. Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a déclaré mardi que le gouvernement pourrait prendre de nouvelles mesures pour réduire le déficit après ses entretiens avec les inspecteurs de l'UE.
Les syndicats estiment que le plan d'austérité fera surtout peser le fardeau sur les plus défavorisés. Ils menacent d'organiser de nouvelles grèves le mois prochain.
"Nous demandons au gouvernement de ne pas céder aux désirs des marchés, de faire des besoins de la population sa priorité et de privilégier un panachage de mesures économiques et sociales qui ne conduisent pas à la récession mais à une relance de l'emploi", a déclaré Yannis Panagopoulos, du GSEE.