
Le Parti socialiste a décidé de suspendre ses membres figurant sur la liste présentée par Georges Frêche en Languedoc-Roussillon lors des prochaines régionales. Martine Aubry laisse toutefois la porte-ouverte à leur réintégration après le scrutin.
AFP - La direction du PS a décidé mardi de mettre à l'écart les 59 socialistes présents sur les listes de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon, mais Martine Aubry a laissé la porte ouverte à leur réintégration en proposant une "mission" après les régionales en vue d'une "réconciliation".
"L'ensemble des camarades du Languedoc-Roussillon" figurant sur la liste du président DVG de la région Georges Frêche pour les régionales "se sont mis eux-mêmes en dehors du parti", a annoncé mardi à la presse le député François Lamy, bras droit de la première secrétaire à l'issue de ce Bureau national (BN) sans vote de plus de deux heures.
59 candidats socialistes, parmi lesquels les cinq secrétaires fédéraux du Languedoc-Roussillon, deux présidents de conseil général et une sénatrice sont visés par cette exclusion qui ne dit pas son nom.
Le PS leur reproche d'être restés sur les listes de M. Frêche, indésirable après son dérapage sur la "tronche pas catholique" de Laurent Fabius, alors que le Parti a investi la maire de Montpellier, Hélène Mandroux le 2 février.
M. Lamy a précisé qu'en dehors du Languedoc-Roussillon, dans "23 départements", des socialistes étaient visés par la même procédure, "de l'ordre de plusieurs dizaines, mais moins d'une centaine". Pour eux, il y a "l'application stricte de nos règles et nos statuts", c'est-à-dire l'exclusion de fait du parti pour une période d'au moins deux ans.
Mais comme il y a une situation "particulière en Languedoc-Roussillon", avec nombre de personnalités visées par cette mesure, la Première secrétaire Martine Aubry a proposé la création "après les régionales" d'"une mission regroupant l'ensemble des sensibilités du PS", dont l'objectif sera de "permettre de retrouver le chemin du dialogue, de la réconciliation et de la rénovation".
Cette mission assez inédite qui vise à renouer un dialogue avec ces socialistes exclus statutairement pour deux ans, répond au tollé de grands barons locaux du Parti comme les sénateurs Gérard Collomb (également maire de Lyon) et François Rebsamen qui avaient apporté leur soutien à Georges Frêche.
"La possibilité de cette réconciliation dépend de l'attitude de ces socialistes pendant la campagne notamment la possibilité d'ouvrir leurs Fédérations à Hélène Mandroux", explique un membre de la direction.
Selon un autre, proche de Martine Aubry, "c'est le véritable retour d'une direction politique. C'était la patronne. C'était indispensable avant la nouvelle phase des primaires".
En revanche, les alliés de Frêche ne décolèrent pas: René Andrieu, premier fédéral de l'Aude, visé par la sanction, a lancé: "c'est une décision inique pas adaptée à la situation".
"Nous avons respecté scrupuleusement les statuts. C'est au niveau national qu'ils ont été transgressés", s'est-il emporté, avant de reconnaître que la mission était chargée "d'examiner le cas de chaque Fédération" et de "renouer les liens avec le parti".
Pour Jacques Bascou, maire de Narbonne, cette décision "sans surprise", "ne change rien fondamentalement". "On est en campagne depuis trois semaines" sur les listes sous la houlette de Frêche.
A l'adresse de Gérard Collomb absent du BN pour cause de soutien de M. Frêche sur le terrain, M. Lamy a averti: "un membre du BN doit venir dire au BN ce qu'il a à dire".
Avant la réunion, plusieurs ténors avaient prôné l'apaisement tout en maintenant leur refus d'une exclusion des camarades du Sud, comme Bruno Le Roux. "Plus la décision sera disciplinaire, plus elle servira Georges Frêche", avait averti Pierre Moscovici.