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Appelé à se justifier mercredi devant le congrès des États-Unis suite aux rappels massifs de voitures dans le pays, le patron de Toyota, Akio Toyoda, reconnaît d'ores et déjà que son groupe a eu un développement "trop rapide".
AFP - Les dirigeants du constructeur japonais Toyota ont commencé à affronter les critiques et les questions des parlementaires américains, mardi, à l'orée de deux jours d'auditions, le PDG Akio Toyoda admettant que son groupe avait connu une croissance trop rapide.
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"Je crains que le rythme auquel nous nous sommes développés ait été trop rapide", affirme M. Toyoda dans le texte du discours qu'il doit prononcer mercredi devant la commission de la Surveillance et de la Réforme gouvernementale.
"Notre principe de base consistant à écouter les consommateurs pour faire de meilleurs produits s'en est retrouvé compromis", poursuit-il dans ce document diffusé à l'avance.
Des propos également tenus par le patron du constructeur aux Etats-Unis, Jim Lentz, lors d'une première audition mardi devant la commission à l'Energie et au Commerce de la Chambre des représentants.
Rhonda Smith, une Américaine venue témoigner, a été prise de sanglots en racontant l'accident dans lequel elle a failli perdre la vie au volant d'une Lexus (marque du groupe Toyota) qu'elle ne parvenait plus à arrêter.
Elle a expliqué que lorsqu'elle s'était plainte auprès de Toyota, on lui avait répondu que "quand ils sont entretenus correctement, les freins prennent toujours le dessus sur l'accélérateur".
Toyota lui a aussi dit que pour que son accélérateur se bloque, il aurait fallu que "l'accélérateur et les freins cessent de fonctionner en même temps, ce qui est virtuellement impossible".
David Gilbert, un expert en électronique automobile, et Sean Kane, membre d'un cabinet de recherche sur la sécurité des consommateurs, ont estimé que les cas d'accélération involontaires ne provenaient probablement pas des tapis de sol ou des pédales d'accélérateurs, comme Toyota l'affirme, mais des systèmes électroniques qui commandent les pédales.
"Les solutions que nous avons mises en places sont efficaces et durables", a rétorqué Jim Lentz. "Nous sommes convaincus qu'il n'y a pas de problème avec nos systèmes électroniques".
Il a cependant admis que Toyota n'"excluait pas" totalement que ces systèmes puissent être à l'origine des accélérations involontaires, et que les deux rappels en cours n'allaient "pas totalement" résoudre ces problèmes.
M. Lentz a rappelé que le constructeur avait réparé "800.000 véhicules" depuis le début de la crise fin janvier, au rythme de 50.000 voitures par jour.
Il a aussi promis que la quasi-totalité des modèles Toyota 2011 vendus aux Etats-Unis allaient être équipés d'un interrupteur pour arrêter la voiture en cas d'urgence.
M. Lentz a lui aussi eu un moment d'émotion en racontant qu'il avait perdu un frère dans un accident de voiture il y a 20 ans.
"Il ne passe pas un jour sans que j'y pense. Je sais ce que ces familles traversent", a-t-il dit d'une voix étranglée, allusion aux proches des personnes ayant perdu la vie dans des accidents peut-être causés par des problèmes techniques sur des véhicules du groupe Toyota.
Le ministre américain des Transports Ray LaHood, le dernier à témoigner mardi, a vigoureusement défendu son ministère et la NHTSA, qui à "chaque étape, a poussé Toyota à prendre des actions correctives pour assurer la sécurité des consommateurs".
Comme M. Lentz, M. LaHood a écarté que des interférences puissent être à l'origine des accélérations involontaires mais a fustigé les dirigeants de Toyota pour avoir été trop longtemps "sourds aux problèmes de sécurité".
M. LaHood a aussi indiqué qu'il allait profiter de la présence du PDG de Toyota à Washington pour s'entretenir avec lui de ces problèmes en face à face.