De l'imagerie médiévale à la scène contemporaine, le musée Maillol explore le thème des vanités. Remontant le fil du temps, les 150 pièces exposées démontrent comment chaque civilisation s'est appropriée la mort. Et le cycle de la vie.
Tel un "memento mori", l'art emboîte le pas à l’esclave qui murmure à l’oreille du général romain victorieux accueilli en triomphe dans les rues de Rome : "Souviens-toi que tu vas mourir ". En remontant le fil du temps, découpé en trois périodes, le musée Maillol, à Paris, dévoile près de 150 pièces (peintures, sculptures, photographies, vidéos, bijoux et objets) qui se sont attachées à cristalliser la vanité comme fragilité d’une civilisation.
Des mosaïstes de Pompéi aux graveurs des danses macabres médiévales, des peintres de Vanité du XVIIe siècle aux surréalistes du XXe, en passant par des artistes du néo pop-art jusqu’à l’art contemporain, le thème n’a cessé de fasciner, d’interroger et hante aujourd’hui encore les tendances. Têtes de mort accaparées par la mode ou crânes et ossements érigés en mascotte de groupes rock, l’art des vanités n’a jamais été aussi vivant.
Tout au long de la première période (Au « Tempus fugit" des Anciens), le visiteur découvre des mosaïques romaines de Pompéi représentant le culte des crânes, et circule entre les représentations de danses macabres du Moyen Age aux artistes-peintres de la Renaissance comme Le Caravage ou Georges de la Tour qui mettent les crânes en lumière.
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© {{ scope.credits }}La collection de la deuxième période (Le "Dieu est Mort" des Modernes) est un parcours dans l’âge industriel. Durant les années 1930 et l’entre-deux-guerres, Pablo Picasso, Georges Braque et le catalan Miquel Barcelo font de leurs crânes des allégories du monde.
La dernière partie (Le "S’en Fout la Mort" des Contemporains) propose une autre vision de la mort, celle du pop-art. Des crânes roses et verts d’Andy Warhol aux graffitis "vaudouisants" de Jean-Michel Basquiat, la mort est détournée et colorée. Du côté de la scène allemande, les nouveaux fauves s’emparent du sujet. Ce sont les années sida. Gerhard Richter, Georg Baselitz ou Markus Lüpertz font ressurgir des portraits posthumes et ressuscitent des peintures réalistes de crânes. A l’aube du XXIe siècle, l’épouvante devient phénomène de mode, évacuant toute notion d’effroi. La photographe américaine Cindy Sherman fleurit un crâne tandis que la vidéaste serbe Marina Abramovic promène un squelette sur son dos.
Loin d'être une célébration macabre, l’oxymore du titre de l'exposition "C’est la vie", sous-titrée "Vanités : De Caravage à Damien Hirst" résonne comme un hymne à la vie.
Du 3 février au 28 juin au musée Maillol, 61, rue de Grenelle, 75007 Paris