logo

Après les scandales qui ont éclaboussé les entreprises allemandes Deutsche Telekom ou Lidl, d’autres multinationales, à l’instar de Valéo, ont été accusées d’espionner leurs salariés. A quoi ce phénomène correspond-il ? Que nous dit-il des relations sociales au sein de l’entreprise ?

Les murs des entreprises ont des oreilles. En 2005 et 2006 la Deutsche Telekom a été prise en flagrant délit de collecte d’informations « très confidentielles », concernant aussi bien l’état de santé que les préférences sexuelles de ses employés. Le géant de la téléphonie a également fait appel à un prestataire externe « Network Deutschland » pour effectuer des croisements d’informations entre les appels émis par les cadres de l’entreprise et les numéros de journalistes influents. Et, il ne s’agit pas d’un cas isolé, la Deutsche Bahn, Airbus Allemagne ou encore le discounter Lidl ont eux aussi eu recours à ce genre de techniques pour se « renseigner » sur leurs salariés.   En Allemagne ces évènements ont suscité une émotion vive. Le spectre de la Stasi n’est pas loin et effraie encore les allemands. Les dirigeants des entreprises incriminées, ont payé un lourd tribu leur curiosité. Ainsi, Hartmut Mehdorn, le PDG de la Deutsche Bahn, ou Frank-Michael Mors le PDG de Lidl ont été contraint de démissionner. En France, c’est la conduite de l’ex-PDG de Valéo, Thierry Morin, qui a été décriée suite à son implication dans une affaire du même type survenue en 2009, finalement classée sans suite par le parquet de Paris.   La ligne de défense de ces entreprises est sensiblement la même. Pour elles, il s’agissait surtout d’une stratégie de protection. Le géant allemand des télécommunications a répliqué que ces pratiques avaient eu pour objectif d’identifier les mouchards qui diffusaient des informations sur la mauvaise santé de l’entreprise, dans la presse.   En réalité, les entreprises peuvent tirer partie d’une législation floue concernant la surveillance de leurs employés. En France, par exemple, « la vie professionnelle n’est pas protégée au sein des entreprises, seule la vie privée l’est » précise Maître Metzner qui a assuré la défense de Thierry Morin. Les employeurs peuvent donc légalement prendre connaissance des mails professionnels de leurs salariés.   Reste donc à définir ce qui relève du domaine privé et du domaine professionnel.