Le jury du 60e Festival international du film de Berlin a décerné l'Ours d'argent du meilleur réalisateur à Roman Polanski pour son thriller "The Ghost Writer". L'Ours d'or du meilleur film revient à "Miel" du Turc Semih Kaplanoglu.
Il faudra bien s'y faire un jour, Berlin ne sera jamais Cannes. Malgré le sacre de Roman Polanski, désigné meilleur réalisateur, le cru 2010 ne restera pas dans les annales.
Et pourtant, tout avait bien commencé. Lors des projections de "The Ghost Writer", le film tant attendu du cinéaste franco-polonais, et de "The Shutter Island" de Martin Scorsese, une kyrielle de stars a défilé sur le tapis rouge. Ewan McGregor, Leonardo DiCaprio, Ben Stiller, Shah Rukh Khan… Les midinettes avaient de quoi se réjouir.
itEt puis en fin de parcours, l’essoufflement. Un festival qui se tient durant un mois de février aux températures sibériennes a de quoi laisser un peu froid. De là à sécher la première de son film il n’y a qu’un pas que Jessica Alba, Kate Hudson et Casey Affleck ont franchi vendredi. "The Killer inside me" de Michael Winterbottom, en compétition pour l’Ours d’or, aura été présenté en leur absence. Heureusement que Gérard Depardieu avait fait le déplacement pour présenter "Mammuth" de Gustave de Kervern et Benoît Delépine, donnant ainsi un peu de glamour à cette dernière journée de projection.
Mais le déferlement de stars n’aura pas eu lieu. La profusion de bons films non plus. Résultat, le jury n’avait pas vraiment l’embarras du choix parmi les 20 films en compétition. D’avis de journalistes spécialisés, la sélection de ce festival était l’une des plus pauvres jamais connues.
Ours d'or du meilleur film : "Miel", de Semih Kaplanoglu.
Ours d'argent du meilleur réalisateur : Roman Polanski pour "The Ghost Writer".
Ours d'argent du meilleur acteur : Décerné conjointement aux acteurs russes Grigory Dobrygin et Sergueï Puskepalis pour leurs rôles dans "How I ended this summer", d'Alexeï Popogrebski.
Prix de la meilleure actrice : La Japonaise Shinobu Terajima, pour son rôle dans "Caterpillar", de Koji Wakamatsu.
Prix du meilleur 1er film : "Sebbe", de Babak Najafi.
Ours d'or du meilleur court métrage : "Händelse Vid Bank", de Ruben Ostlund.
Découvrez le palmarès complet de la compétition sur le site officiel de la Berlinale.
Les jurés ont tout de même tranché : l'absent le plus remarqué de la Berlinale, Roman Polanski, reçoit l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour "The Ghost Writer". "Je suis sûr que Roman sera très heureux", a lancé Alain Sarde, le coproducteur du cinéaste franco-polonais. Je déplore qu'il ne soit pas avec nous ce soir, mais il m'avait dit qu'il ne viendrait pas de toute façon, car la dernière fois qu'il est allé à un festival, il s'est retrouvé en prison." Roman Polanski est assigné à résidence par la justice suisse dans son chalet de Gstaad, dans l'attente d'une éventuelle extradition vers les Etats-Unis. Ce prix "pourrait être interprété comme un signe de solidarité envers le cinéaste", estimait dès samedi soir l'édition en ligne du magazine spécialisé américain Hollywood Reporter.
Ce prix a presque éclipsé l'Ours d'or de ce palmarès, décerné à "Bal" ("Miel"), dernier volet de la trilogie du réalisateur turc Semih Kaplanoglu, âgé de 46 ans. Portrait d'un enfant initié aux mystères de la nature par un père apiculteur, "Bal" est le premier film turc primé à Berlin depuis 1964.
Quelques rares perles, qui avaient convaincu aussi bien la presse que le public, n'ont reçu aucune récompense, parmi lesquelles "Der Räuber" de Benjamin Heisenberg, l’un des trois films allemands en compétition, et "On the Path" de Jasmila Zbanic, un film sur les conséquences de la guerre en Bosnie.
Les festivaliers misaient beaucoup sur "Jud Süss - Un film sans conscience", de l’Allemand Oskar Roehler, une sorte de "making-of" du film de propagande nazie "Juif Süss". Las, le long métrage a été descendu en flèche par la critique qui a crié au "désastre". L'équipe du film est repartie bredouille de la Berlinale. Idem pour "Shahada", du jeune réalisateur germano-afghan Burhan Qurbani, un premier film porté par trois excellents jeunes acteurs interprétant de jeunes musulmans en quête d’identité à Berlin.
Bilan mitigé pour cette 60e Berlinale, même si les spectacteurs étaient au rendez-vous. Plus de 270 000 billets de cinéma ont été vendus pendant la première huitaine du festival.
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