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Violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Gagnoa

Les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur des manifestants anti-Gbagbo à Gagnoa, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Cinq personnes sont mortes et neuf autres ont été blessées, selon un bilan fourni par l'armée.

Cinq personnes ont trouvé la mort et neuf autres ont été blessées vendredi matin dans des affrontements entre les forces de l’ordre et des centaines d’opposants au président Laurent Gbagbo, qui manifestaient à Gagnoa, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Ce bilan a été communiqué par l’armée, alors que la présidence ivoirienne avait d’abord nié durant la journée toute perte humaine.

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Violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Gagnoa

"Le préfet m’a expliqué que les organisateurs de cette marche n’avaient pas demandé d’autorisation et que les forces de l’ordre sont donc intervenues", explique Norbert Navarro, notre correspondant en Côte d’Ivoire.

La police a "tiré des gaz lacrymogènes pour essayer de disperser la foule, et, comme on a résisté, elle a tiré à balles réelles", raconte aux Observateurs de FRANCE 24 un commerçant de Gagnoa ayant participé à la manifestation. "La plupart des gens se sont enfuis quand ils ont entendu les premiers coups de feu, moi je me suis mis à courir lorsqu'une personne près de moi a été touchée par une balle et est tombée par terre."

Double dissolution

"Le général Philippe Mangou, le chef d’Etat-major des armées ivoiriennes, a présenté ses condoléances aux familles, tout en rendant l’opposition responsable des événements en coursé, indique Norbert Navarro.

Les manifestations de l’opposition se succèdent dans plusieurs villes du pays

depuis la dissolution, vendredi 12 février, du gouvernement et de la commission électorale indépendante (CEI) par le président Laurent Gbagbo. Ces événements, parfois entachés de violences, n’avaient jusqu’alors pas fait de victimes. Des rassemblements ont notamment eu lieu jeudi à Abidjan.

Les manifestants de vendredi matin réclamaient le "rétablissement" de la CEI et une date pour le scrutin présidentiel, explique à l’AFP Gildas Konan, coordinateur local du mouvement de jeunesse du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), l'un des principaux partis d'opposition. Parmi les slogans scandés : “Nous voulons des élections libres" et "Gbagbo est un dictateur", rapporte sur FRANCE 24 Marc Chown Oved, correspondant de RFI en Côte d'Ivoire.

Alors que le pays attend avec impatience l'élection présidentielle, maintes fois reportée depuis la fin du mandat de Laurent Gbagbo en 2005, une polémique autour de la commission électorale indépendante bloque à nouveau depuis plusieurs semaines le processus électoral. La CEI, soutenue par l’opposition, a été accusée par Laurent Gbagbo de "fraude" et de "manipulation" dans le traitement des contentieux sur la liste électorale provisoire.

Un "véritable coup d’Etat"

Suite à la double dissolution, le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre Guillaume Soro de former un nouveau gouvernement, attendu samedi. Des tractations sont en cours. Guillaume Soro a aussi été chargé de proposer le "format d’une nouvelle commission électorale crédible qui pourra organiser des élections justes et transparentes".

Mais le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui réunit l’opposition, a dénoncé samedi un "véritable coup d’Etat" et a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait "ni la nouvelle CEI ni le nouveau gouvernement en formation selon les termes de M. Laurent Gbagbo". A l’issue d’une réunion à Abidjan vendredi soir, le RHDP a demandé la démission du président et a appelé "à se mobiliser et à s'opposer par tous les moyens à la dictature".