![Le Vatican durcit le ton sur les affaires de pédophilie Le Vatican durcit le ton sur les affaires de pédophilie](/data/posts/2022/07/15/1657879534_Le-Vatican-durcit-le-ton-sur-les-affaires-de-pedophilie.jpg)
Face au scandale de pédophilie qui éclabousse l'Église irlandaise, Benoît XVI, qui a convoqué 24 évêques irlandais, dénonce un "échec des autorités". Les spécialistes évoquent "une politique de tolérance zéro" du Vatican sur le sujet.
Le pape Benoît XVI a dénoncé "l'échec des autorités de l'Église irlandaise pendant des années pour agir avec efficacité face à ces cas d'abus sexuels sur des jeunes".
Procédure exceptionnelle, le Saint-Père a convoqué cette semaine les 24 évêques d’Irlande au Vatican pour évoquer, durant trois séances, l’avenir de l’Église catholique d’Irlande. Il les a exhortés à combattre par des mesures "concrètes" ce qu’il a qualifié de "crime odieux".
L’Église irlandaise fait son mea culpa
"C’est une réunion très grave, il y a un degré de gravité tel que le Pape convoque tous les évêques d’un pays !", explique, sur France 24, Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef adjoint chargé de la religion du Figaro.
De leur côté, les évêques irlandais qui ont reconnu les faits et ont exprimé leurs regrets devant la presse se sont engagés à "coopérer avec la justice" de leur pays.
Publié en novembre dernier, un rapport de la commission Murphy a révélé que la hiérarchie catholique irlandaise avait dissimulé des centaines de viols d'enfants ou autres sévices commis par des prêtres dans l'archidiocèse de Dublin entre 1975 et 2004.
Ses auteurs accusent l'Église d'avoir caché "de manière obsessionnelle" ces cas d'abus sexuels. À la suite de ces révélations, quatre évêques ont présenté leur démission. Une seule a, jusqu'ici, été acceptée par le pape, celle de Mgr Donald Murray, ancien évêque de Limerick et évêque auxiliaire de Dublin de 1982 à 1996.
Lettre au peuple irlandais
L’attitude de Benoît XVI marque un véritable changement par rapport aux traditionnelles positions du Vatican. "En dix ans, la culture ecclésiale sur le sujet a totalement changé. Jusque-là, on couvrait ces affaires", remarque Jean-Marie Guénois. "Beaucoup d’évêques ont été mis en cause pour avoir couvert des prêtres pédophiles, pour les avoir déplacés sans prévenir la paroisse suivante".
Pour Jean Duchesnes, conseiller de l'Archevêque de Paris, plus qu’un changement de ton, il s’agit "d’un changement radical de politique, d’une politique de tolérance zéro". "Le pape veut jeter toute la lumière sur les affaires du passé même si dans un premier temps l’image de l’Église est salie", explique-t-il sur l’antenne de France24. Selon lui, "Benoît XVI est décidé à ne pas lésiner car la vérité n’a pas de prix. Il est prêt à le payer, pour que les gens puissent avoir confiance".
De plus, Benoît XVI doit prochainement adresser une lettre au peuple irlandais à ce sujet. Il s’agira du premier document signé de la main d’un pape consacré exclusivement à la pédophilie.
Mais la déception reste grande du côté des associations de soutien aux victimes. Certaines regrettent que ces réunions entre le pape et les évêques n'aient pas débouché sur une reconnaissance de la responsabilité du Vatican dans ce scandale.
Plusieurs associations de victimes ont l'intention de réclamer des dédommagements financiers, ce qui pourrait plonger l'Église irlandaise dans une grave crise financière. Aux Etats-Unis, où un scandale du même ordre a éclaté en 2002, sept diocèses ont fait faillite.