À la veille du 31e anniversaire de la Révolution islamique, Washington gèle les avoirs du général des Gardiens de la révolution et de quatre entreprises liées aux Pasdaran. La mesure entend les punir en tant qu'artisans du programme nucléaire.
AFP - Les Etats-Unis, qui travaillent avec leurs alliés à de nouvelles mesures contre l'Iran en raison de son programme nucléaire, ont unilatéralement annoncé mercredi le renforcement de leurs sanctions contre les Gardiens de la révolution.
Ces mesures détaillées par le département du Trésor visent en particulier des entreprises liées à la puissante armée idéologique du régime islamique, pour tenter d'étrangler ses rentrées d'argent.
Le Trésor a "pris des mesures supplémentaires pour appliquer les sanctions américaines contre les Gardiens de la révolution iraniens, en désignant une personne et quatre entreprises liées" à ce corps, a précisé l'administration dans un communiqué.
Cette mesure étend le champ d'application d'un décret datant de 2007. Mais elle intervient au moment où les Etats-Unis et leurs partenaires réfléchissent à l'imposition de nouvelles sanctions contre le régime iranien, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil.
Mardi, le président américain Barack Obama a ainsi affirmé que la communauté internationale effectuait des progrès "assez rapides" vers des sanctions supplémentaires.
"Sous couvert de s'intéresser à l'énergie nucléaire dans la seule perspective de leur programme civil, (les autorités iraniennes) ne varient pas de leur cap qui vise à détenir l'arme nucléaire, ce qui n'est pas acceptable pour la communauté internationale", a-t-il déclaré.
L'Iran a lancé mardi la production d'uranium hautement enrichi, malgré les protestations des puissances occidentales.
Mercredi, le Trésor a indiqué que son renforcement de sanctions, "gelant les avoirs de ceux qui font proliférer les armes de destruction massive et leurs soutiens", visait le général des Gardiens de la révolution Rostam Qasemi.
L'administration américaine affirme que cet officier est le dirigeant d'une société s'apparentant à l'unité du Génie des Gardiens de la révolution, Khatam al-Anbiya, qui permet à ce corps de "générer des revenus et de financer ses opérations". Quatre entreprises censées être liées à Khatam al-Anbiya sont également ciblées.
"Alors que les Gardiens de la révolution renforcent leur contrôle sur d'importants secteurs de l'économie iranienne, en délogeant des hommes d'affaires iraniens en faveur d'un groupe trié sur le volet, ils se cachent derrière des entités comme Khatam al-Anbiya et ses filiales pour conserver un lien vital avec le monde extérieur", a assuré Stuart Levey, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier.
Le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, a expliqué à l'AFP que les Etats-Unis visaient les Gardiens en raison de leur rôle dans les programmes nucléaire et balistique du pays, leurs liens présumés avec des groupes terroristes ainsi que la répression des manifestations anti-gouvernementales.
La diplomatie américaine "insiste particulièrement" sur les Gardiens lors de ses consultations avec ses partenaires sur des sanctions contre l'Iran, mais un texte n'est pas encore prêt à être soumis au Conseil de sécurité de l'ONU, a ajouté M. Crowley, alors que le Premier ministre canadien Stephen Harper a annoncé mercredi que son pays "se servira de sa présidence du G8 pour inciter la communauté internationale (...) à prendre des mesures contre le régime iranien".
"Notre objectif est d'essayer de faire pression sur le gouvernement et ses soutiens, sans que cela ait des conséquences non désirées sur les Iraniens", a souligné M. Crowley.