
Pour des millions de Sud-Africains, la politique de discrimination positive pratiquée par le gouvernement pour rééquilibrer les richesses du pays entre noirs et blancs reste une abstraction qui n'a profité qu'à quelques-uns.
Vingt ans après la libération de Nelson Mandela et la chute du régime d’apartheid, les inégalités entre noirs et blancs restent très prononcées en Afrique du Sud.
Le "Black Economic Empowerment" (ECC), mesure lancée en 1994 par Pretoria pour rééquilibrer la répartition des richesses au sein de la population, reste un mirage pour des millions de personnes.
Certes, une poignée de noirs a tiré profit de cette politique, à l'image de Carmen Stevens, la toute première viticultrice noire du pays, dont les vins Amani ont remporté plusieurs prix internationaux. Mais sa réussite professionnelle fait figure d'exception.
Beaucoup de Sud-Africains s'estiment en effet laissés pour compte. "Pour nous, les choses n'ont pas trop changé depuis 1994. Bien sûr, on peut aller dans n’importe quel restaurant et on peut acheter ce que l'on veut, reconnaît Michael Feltsman, agent immobilier. Mais, sur le marché du travail, il n'y a pas de sécurité de l'emploi et on n'a aucune garantie. Et puis notre système de santé n’est pas le meilleur. Quant à l'éducation, ce n'est pas mieux."
Paradoxalement, l'économie sud-africaine, incapable de réduire la grande pauvreté, reste la plus solide du continent.