Comme chaque année depuis le 14 février 2005, le Liban commémorera l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Mais pour la première fois depuis cinq ans, la mobilisation risque d'être moins importante que par le passé.
Le 14 février, le Liban commémorera le cinquième anniversaire de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Chaque année, à cette date qui a bouleversé l'histoire du pays du Cèdre, des centaines de milliers de Libanais affluent vers la place des Martyrs dans le centre-ville de Beyrouth. Répondant à l'appel des principaux leaders politiques de l'Alliance du 14 mars - née en 2005 et majoritaire au parlement-, chrétiens et musulmans viennent exprimer en diapason leur soutien à la souveraineté du pays.
Mais les déceptions s'étant multipliées, cette mobilisation risque d'être moindre selon certains médias libanais. "Il est vrai que plusieurs évènements ont heurté l'opinion publique de notre courant politique et que beaucoup de voix se sont élevées pour proférer des critiques, qui sont dans une large mesure justifiées", déclare Samir Frangié, ancien député et membre du directoire du 14 mars, à France24.com.
Revirements et déceptions
Pour exemple, la récente visite du Premier ministre Saad Hariri en Syrie, où il a été reçu par Bachar al-Assad. Bien que motivé par le contexte d'ouverture internationale envers Damas et par la réconciliation syro-saoudienne, ce déplacement a heurté une partie des partisans du 14 mars. Car c'est bien le régime syrien qui avait été pointé du doigt par les proches de Rafic Hariri et l'Alliance du 14 mars comme le commanditaire des assassinats politiques qui ont décimés les rangs de la majorité actuelle depuis 2005.
Avant ce revirement, le chef druze Walid Joumblatt, qui avait appelé au renversement du "dictateur" Bachar al-Assad, avait lui aussi opéré une volte-face spectaculaire en prenant progressivement ses distances avec la majorité, dont il était pourtant l'un des piliers, pour se rapprocher des alliés libanais de Damas. Autre grief : le comportement de la majorité parlementaire qui peine à prendre ses responsabilités. "Les gens n'ont pas compris pourquoi un gouvernement d'union nationale a été constitué aux conditions de l'opposition qui venait pourtant d'être battue", reconnaît Samir Frangié.
L'opposition aux aguets
Le 14 février 2010, la mobilisation aura valeur de baromètre de popularité pour la majorité. Un échec retentissant conforterait le Hezbollah et le général Aoun qui se targuent, depuis plusieurs mois, et malgré leur défaite électorale, de représenter avec leurs alliés la majorité populaire. "N'en déplaise à l'opposition, les Libanais vont se remobiliser car l'enjeu n'est autre que la réaffirmation de leur unité et de leur engagement à l'égard de leur pays. Ils ont toujours répondu présent comme ils l'ont encore démontré lors des législatives victorieuses de juin 2009", conclu Samir Frangié.
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